Comment va-t-il satisfaire ses mioches en cet Aïd?
En cette fin du mois de Ramadhan, qui s’est montré plutôt clément ces derniers jours envers les petites bourses, les gens avisés s’interrogent avec inquiétude sur ce que seront les prix des vêtements pour nipper à neuf leur progéniture souvent nombreuse parmi les classes pauvres et moyennes, voire défavorisées.
Certains, et ils sont nombreux, ont déjà investi les quartiers populaires où l’on propose des vêtements en cette période déterminée. De boutique en échoppe, ils scrutent les produits proposés sans omettre de demander les prix à un vendeur lassé par ces questions, mais qui attend patiemment sa «proie».
Une question de jours. C’est ce qui fait sa nonchalance pour accueillir l’éventuel acheteur.
Laminé par les dépenses supportées pendant les deux premières semaines du mois sacré, les épaules voûtées, le lambda erre, traînant le pas à travers ces «marchés» de vêtements en secouant souvent tristement la tête, la gorge serrée, devant les prix pour le moins exorbitants exposés, qui pour un petit polo, qui pour une chemisette ou pour une jupette, une robe ou une paire de sandales…que sais-je encore?
Il traîne, abattu par la mal-vie qui le malmène toute son existence durant et pense à ses petits mioches qui vont passer un Aïd pas comme les autres enfants ou du moins pas comme dans un passé pas très loin encore. Après avoir passé les premiers jours du Ramadhan à ciseler ses dépenses pour garnir un couffin budgétivore à outrance, le voilà donc aujourd’hui à calculer, bâtir et détruire mille idées et astuces pour tenter de s’en sortir comme un «Homme»….Oui, mais comment? Ses enfants sont le bien le plus précieux. Il doit les satisfaire, les voir sourire par-dessus leur nouvel habit flambant neuf, tenant à la main un ballon coloré ou un jouet, peut-être même en suçant une friandise ou dégustant une «barbe à papa»…
Une vraie image d’Epinal qui se dresse devant son regard perdu dans ses vagues pensées qu’il n’arrive plus à ordonner dans son esprit torturé et malmené tant il chérit ses enfants et maudit sa piètre existence.
Des revenus, des «économies» rongées et taries en si peu de temps l’ont rendu plus que maussade. Il retient péniblement ses larmes, mais ne le montre guère. Il subit…et s’en remet à Allah. Demain il fera beau et meilleur, se plait-il à répéter au fond de lui-même mais sans conviction aucune tant la lutte est ardue et sans vainqueur.
Quelque temps auparavant, bien avant qu’il ne perde son emploi de manutentionnaire chez un riche négociant, notre bonhomme arborait une fierté certaine, mais bien dissimulée toutefois, en rentrant à la maison avec un «lourd» panier le long de ses bras.
Ce n’est plus qu’un souvenir béat. D’autres se sont pourtant «bien» sortis de ce creux de la vague qui touche tout le monde, mais à quel prix? Petits métiers à la limite frauduleux, minces investissements non protégés, promesses très souvent aléatoires…et j’en passe.