Portrait du médecin algéro-américain nommé à la tête du pôle recherche et développement de Sanofi-Aventis
Rien ne le prédestinait à cette formidable ascension professionnelle. Elias Zerhouni, médecin algéro-américain de 59 ans vient d’être nommé mardi à la tête de la recherche et développement pour les médicaments et vaccins de Sanofi-Aventis. Véritable self-made man, son voyage aux Etats-Unis a été un tournant décisif dans sa vie.
Le rêve américain s’est concrétisé pour Elias Zerhouni. Au lieu des trois mois prévus à son départ de l’Algérie, il demeurera trente-trois ans aux Etats-Unis. D’après lui, « la réussite au mérite, quelle que soit l’origine sociale, est l’une des beautés du système américain ». Un diplôme de radiologie de l’université d’Alger en poche, c’est avec une bourse de 369 dollars qu’il s’y rend en 1975 pour consolider sa formation et intégrer la prestigieuse université de Johns Hopkins. Depuis, le succès est toujours au rendez-vous. Et le premier janvier 2011, il endossera son nouveau costume de directeur de recherche et développement pour les médicaments et vaccins de Sanofi-Aventis. Cette nomination est le fruit d’une longue expérience professionnelle saluée par ses pairs.
Ses origines ne le prédestinaient pas à cette carrière. En quittant l’Algérie, où il est né à Nedroma en 1951, Elias Zerhouni ne s’est pas imaginé qu’il serait à la tête de plusieurs grands organismes de recherche et de santé. « Pour être franc, à l’issue de mes études de médecine en Algérie, je n’avais pas envie d’aller à l’étranger. Après avoir suivi un cursus en mathématiques et en physique, j’avais finalement opté pour la radiologie. Le doyen de la faculté de médecine, à Alger, m’a dit qu’il fallait que j’aille aux États-Unis ou en Suède pour avoir une formation solide : la recherche en radiologie y était très forte. Il ne m’a pas recommandé la France, où j’aurais été, selon ses termes, toujours bridé », confie t-il à La Recherche.
Les années 2000 le couronnent de succès. Il est d’abord élu membre de l’Institut de Médecine de l’Académie des Sciences des États-Unis avant de voir sa vie basculer en 2002. Une année clé, qui lui ouvre les portes du succès. Remarqué pour ses capacités scientifiques et d’organisation ainsi que pour sa vision réformatrice de la médecine et de la recherche biomédicale, il est nommé en mars 2002 par le président des États-Unis, George W. Bush, directeur général des instituts de santé nationaux (NIH). Il y gère un budget colossal de 28 milliards de dollars. « Je me suis forgé une réputation de scientifique innovant et d’organisateur à travers la gestion de mon laboratoire spécialisé en imagerie médicale puis en tant que patron de la radiologie à l’université Johns Hopkins ».
Mais sa mission ne s’arrête pas là. Réformer les NIH est son principal objectif. Le programme de promotion des jeunes scientifiques, qu’il a mis en place incarne cette initiative. « Il fallait une flexibilité plus grande. Dès mon arrivée, j’ai mis au point une feuille de route. Cela m’a pris quatre ans pour faire passer et financer cette loi de réforme. L’idée était d’encourager et de casser les barrières, de laisser les chercheurs s’auto-assembler comme ils le voulaient ». Néanmoins, il n’hésite pas à afficher ses désaccords avec le président Georges. W Bush. Il démissionne de son poste en 2008. Une occasion pour lui d’effectuer un retour aux sources à l’université Johns Hopkins, où il devient Conseiller Principal de la Division Médicale.
Chercheur et philanthrope
Le curriculum vitae de M. Zerhoni ne cesse de s’enrichir. Les deux cents publications scientifiques et huit brevets qu’il a déposés en sont les preuves. Sans compter les cinq entreprises innovantes qu’il a fondées. Chercheur, mais aussi philanthrope, il est conseiller principal de la fondation Bill et Melinda Gates pour les questions de santé.
Il n’oublie pas l’Algérie, qui n’est pas en reste dans ses projets. Il apporte sa contribution, en octobre 2009, à la création de la fondation algéro-américaine pour l’éducation, la science et la technologie. L’objectif, aider au renforcement des capacités scientifiques de l’Algérie à travers une coopération accrue entre scientifiques américains et algériens. Il continue d’ailleurs à promouvoir le développement de centres d’excellence dans les pays en voie de développement. Suite à la volonté des Etats-Unis de renforcer les liens scientifiques et technologiques de l’Amérique avec le monde musulman, le Président Obama après son discours du Caire en 2009, le nomme ambassadeur des États-Unis pour la Science et la Technologie.
La richesse de la carrière professionnelle d’Elias Zirhouni est pavée de récompenses. Parmi elles, la Légion d’honneur que le Président français Nicolas Sarkozy lui attribue le 10 avril 2008. Il est aussi élu membre de l’Académie Française de médecine en 2010. Le docteur, qui endossera ses nouvelles fonctions chez Sanofi en janvier, n’a pas fini d’étonner.