C’est l’une des solutions qui permettra à Sonelgaz, en manque flagrant de financements, de concrétiser ses investissements.
“Tôt ou tard, il y aura une augmentation des tarifs de l’énergie.” C’est ce qu’a confirmé hier M. Nordine Bouterfa, P-DG du groupe Sonelgaz. Une hausse des tarifs de la consommation de l’électricité est désormais irréversible.
Cette solution ne peut plus être écartée, d’autant plus que l’entreprise nationale souffre d’un manque flagrant de financements pour pouvoir concrétiser ses investissements.
Néanmoins, l’intervention de l’État, appelé à assurer une alimentation constante et régulière des citoyens en énergie, est plus qu’impérative. Il doit garantir à Sonelgaz les fonds nécessaires pour qu’elle puisse réaliser ses objectifs.
L’autre solution à laquelle songent sérieusement les responsables concernés est de combiner les deux options déjà citées, à savoir l’augmentation des tarifs et l’implication de l’État. La réticence des pouvoirs publics à prendre la décision idoine pour résoudre ce problème a contraint Sonelgaz, en revanche, à retarder les échéances de ses projets. “Des discussions entre les ministères de l’Énergie et des Finances sont en cours à ce propos. Il faut qu’il y ait une solution à moyen terme, c’est-à-dire à l’horizon 2013-2014”, affirme M. Bouterfa tout en rassurant que les besoins du pays seront satisfaits. Conformément à la loi 02-01 de février 2002, l’État est responsable du service public.
Et à partir de cette responsabilité, il a le devoir d’assurer la disponibilité de l’énergie. Pour cela, il a mis Sonelgaz à contribution et lui a demandé d’assumer le programme d’investissement en lui garantissant le financement. Hormis les quelques perturbations dans la distribution, avoue le P-DG sur les ondes de la radio Chaîne III, il n’existe pas de problème de production.
“Nous garantissons l’approvisionnement du marché en électricité”, souligne-t-il. Quant à l’autre contrainte liée au transport, Nordine Bouterfa déclare : “C’est en voie d’être réglé avec l’implication des collectivités locales pour solutionner le problème du foncier.” Au sujet des délestages, notamment durant la saison hivernale, le premier dirigeant du groupe est affirmatif : “Si l’hiver est rigoureux, on va enregistrer des perturbations, surtout dans les villages isolés. Pour ceux-là, on ne peut rien faire.
Nous essayerons d’intervenir avec les moyens dont nous disposons pour rétablir le courant dans les meilleurs délais.” Une chose est certaine : la consommation peut atteindre pendant cet hiver quelque 8 000 mégawatts (MW). Mieux, l’Algérie dispose d’une réserve supplémentaire de 1 500 à 2 000 MW. C’est dire que le problème ne concerne pas la production, mais bel et bien la distribution.
L’entreprise compte dépenser une enveloppe évaluée à 3 000 milliards de dinars à l’horizon 2019. Plus de 40% iront vers la production et le reste sera réparti entre le transport et la distribution. Par ailleurs, le P-DG a indiqué qu’un tiers des créances est détenu au sein de la clientèle basse tension, la même proportion est à noter au niveau des collectivités locales et démembrements. Le reste est à chercher parmi les industriels de moyenne tension. Ce qui porte le chiffre à 30 milliards de dinars de créances permanentes, c’est-à-dire recouvrées puis (re) détenues de nouveau. À côté de cette problématique, Sonelgaz fait face à une dette estimée à 350 milliards de dinars. Cette somme, cependant, n’inquiète guère M. Bouterfa.
Car, explique-t-il, répartie sur une quinzaine d’années, cette dette est supportable. Son souci majeur, c’est plutôt de trouver un équilibre entre les revenus, les tarifs et les investissements à réaliser. Et les déficits subis à la fin de chaque exercice engendrent, précise le P-DG, une réduction de l’autofinancement. Ce qui, par conséquent, fait augmenter davantage l’endettement de l’entreprise.
Badreddine Khris