Elections partielles au Maroc, Le parti islamiste défait par son ancien allié

Elections partielles au Maroc, Le parti islamiste défait par son ancien allié

Benkirane n’arrive pas à faire le consensus autour de la gouvernance islamiste

Depuis juillet, M. Benkirane, dont le parti avait remporté les législatives de 2011 dans le contexte du Printemps arabe, n’est toujours pas parvenu à trouver un autre partenaire pour son gouvernement de coalition.

Le Parti justice et développement (PJD) du Premier ministre islamiste marocain Abdelilah Benkirane a été défait par l’Istiqlal, formation ayant quitté en juillet la coalition gouvernementale, lors d’une élection partielle jeudi près de Fès (centre). Depuis juillet, M.Benkirane, dont le parti avait remporté les législatives de 2011 dans le contexte du Printemps arabe, n’est toujours pas parvenu à trouver un autre partenaire pour son gouvernement de coalition. Les médias avaient accordé une grande attention à cette élection dans la circonscription de Moulay Yacoub, théâtre d’un rude affrontement entre les deux anciens alliés. Le candidat de l’Istiqlal (conservateur) Lahcen Chehbi a remporté le scrutin au détriment de cinq adversaires dont celui du PJD, Mohamed Youssef, et devient le nouveau député de cette circonscription, selon le ministère de l’Intérieur, cité par l’agence officielle MAP. Le score exact n’avait pas été communiqué hier matin. Le PJD avait décroché ce siège en février mais le résultat avait été invalidé par le conseil constitutionnel en raison de la «participation de personnes étrangères» à un de ses meetings, en l’occurrence des invités palestiniens. Depuis qu’il a claqué la porte de la coalition, évoquant un manque d’action et de concertation du PJD, le patron de l’Istiqlal et maire de Fès, Hamid Chabat, tire à boulets rouges sur le gouvernement. Il a organisé en septembre à Rabat une manifestation contre la cherté de la vie, en présence de quelques milliers de personnes, lors de laquelle des ânes ont été utilisés pour caricaturer le gouvernement. En campagne à Moulay Yacoub, Abdelilah Benkirane avait vivement réagi en accusant M.Chabat d’avoir «déshonoré la politique». Une autre élection partielle s’est déroulée jeudi, dans la province de Settat, à une cinquantaine de km de Casablanca. Hicham Harami, qui appartient au Mouvement populaire (MP), un membre de la coalition gouvernementale, a été réélu après l’invalidation de sa victoire par le conseil constitutionnel, selon le ministère de l’Intérieur.

M.Benkirane a mené tout l’été des négociations avec le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral) afin de pallier au retrait de l’Istiqlal et éviter des élections générales anticipées. Mais le remaniement, annoncé comme imminent à plusieurs reprises, n’a toujours pas eu lieu. «Le gouvernement de minorité frappé de paralysie, et rien n’indique une prochaine sortie de crise», avançait jeudi dernier le quotidien Akhbar al-Yaoum. Cette crise inquiète les observateurs, alors que le Maroc doit entreprendre une série de réformes sociales pour réduire un déficit public ayant atteint 7,3% du PIB en 2012. Selon la MAP, en l’absence de remaniement, Abdelilah Benkirane a finalement transmis cette semaine une lettre de cadrage sur le budget 2014 aux différents ministères, où il réaffirme la volonté «d’accélérer le rythme des grandes réformes structurantes». Ceci est notamment valable pour la caisse de compensation, qui subventionne à grand frais (55 milliards de dirhams, 5 mds d’euros, soit 6% du PIB) des produits de base. Le gouvernement a commencé à mettre en oeuvre cette réforme le mois dernier avec une mesure d’indexation partielle des prix des carburants.