Élections , loi de finances et tripartite : Les trois grands enjeux du Pouvoir

Élections , loi de finances et tripartite : Les trois grands enjeux du Pouvoir

Les élections locales, la loi de finances et la tripartite, sur lesquelles le pouvoir construira son action, baliseront la conduite de l’Exécutif pour 2018.

Le gouvernement place, l’un après l’autre, les jalons de son programme d’action pour l’année prochaine. Ainsi, après avoir réussi le rendez-vous électoral qui a profité aux partis de la majorité et fait voter la loi des finances, il se prépare à «boucler» son agenda de la rentrée par l’organisation d’une réunion tripartite. Annoncée, en effet, par le secrétaire général de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, la réunion gouvernement-Ugta-patronat, est expressément destinée, selon ses dires, à «renforcer l’insertion des jeunes diplômés de l’université dans le monde du travail». Estimée à quelque 17%, la proportion de chômeurs de cette catégorie de la population est au-dessus de la moyenne nationale. C’est un motif d’inquiétude pour les partenaires économiques et sociaux, mais c’est surtout une excellente entrée en matière pour signer la reprise d’activité de l’instance de concertation entre les trois acteurs de la scène socio-économique.

Il est question, pour Sidi Saïd, de «créer une passerelle entre l’université et l’entreprise pour renforcer l’insertion professionnelle des jeunes universitaires». Cette réunion est, affirme le premier syndicaliste du pays, justifiée par le fait que «75% des demandes d’emploi reçues par la cellule de l’emploi au niveau de l’Ugta, émanent des jeunes universitaires de différentes filières». Cela semble avoir suffi à Sidi Saïd pour tirer la sonnette d’alarme, histoire de mettre les patrons et le gouvernement devant leurs responsabilités. «Rapprocher l’université de l’entreprise», comme dit le souhaite le secrétaire général de l’Ugta constituer donc le premier acte collectif des trois partenaires, confirmant ainsi un retour aux affaires après des élections locales qui ont obligé la scène économique à une «mise en berne» momentanée. Mais l’issue plus que favorable pour les forces politiques qui composent le gouvernement renforce ce dernier et apporte un surplus de légitimité à la tripartite. Cela pour dire que l’épisode électoral aura été un enjeu important pour le pouvoir qui est retourné à sa base électorale pour renouveler sa légitimité. C’est chose faite, à la veille de l’approbation par l’APN du projet de loi des finances, caractérisée par une approche plutôt sociale et une volonté de ne pas faire payer le prix de la crise financière à la société. Les trois jalons, que sont les locales, la loi de finances et la tripartite, sur lesquels le pouvoir construira son action sur l’année prochaine, baliseront la conduite du gouvernement dans le déroulement de son plan d’action pour 2018. L’Exécutif part d’ailleurs sur le bon pied, pourrait-on dire, à voir le comportement du principal indice financier de l’économie nationale. Il faut savoir, en effet, que les prix du pétrole pour tout le mois de janvier et les premiers jours de février, dépassent les 62 dollars le baril, c’est-à-dire à plus de 12 dollars au-dessus du prix de référence de la loi de finances 2018. C’est de bon augure pour les équilibres financiers du pays, lesquels, si le marché restait haussier, donneraient lieu à des déficits moins importants que prévus. Cet état de fait réduirait également le recours au financement non conventionnel et sauvegarderait les réserves de changes à des niveaux supérieurs à ceux estimés dans la loi de finances. Cela pour dire que 2018 a des chances d’être moins compliquée qu’attendu. Il reste néanmoins que le principal enjeu n’est pas seulement financier, mais surtout économique. Le gouvernement s’est fixé des objectifs précis en matière de croissance économique et de production de biens nationaux. Il a lié ces résultats à des textes réglementaires et législatifs qui demeurent encore dans les tiroirs de plusieurs ministères. D’importants chantiers, à l’image du déploiement des 4000 mégawatts d’électricité scolaire, le partenariat public-privé ou encore la mise en place d’un réseau de laboratoires de contrôle de qualité, attendent désespérément des textes réglementaires pour connaître un début d’application.

La balle est donc dans le camp du gouvernement qui devra mettre en place l’ensemble des instruments censés donner à son action l’impact positif recherché par la loi de finances et ses partenaires économiques et sociaux. En d’autres termes, le gouvernement s’est construit un véhicule solide, mais encore faut-il qu’il y mette le bon carburant pour ne pas «caler» en cours de route.