Elections locales du 29 Novembre,La fabrique à partis explose

Elections locales du 29 Novembre,La fabrique à partis explose
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Des micro-partis ou «sanafir» et d’autres, clonés, seront démultipliés

La mission des partis est non pas d’assurer la participation de la population à la vie politique, mais plutôt de représenter l’État auprès d’elle.

Va-t-on assister à un patchwork de partis à l’occasion des prochaines élections communales? Pour plusieurs observateurs, cela relèverait de la pure pollution politique qui nuirait à la pratique politique en Algérie. Les 21 partis «éprouvette» qui ont vu le jour dans la foulée des législatives, se sont subitement éclipsés de la scène politique. Des micro-partis où «sanafir» et d’autres, clonés, seront démultipliés.

La période de moins de quatre mois qui nous sépare des élections locales verra la naissance d’autres nouvelles formations politiques dont quelques-unes issues de la destruction des anciens partis. Une trentaine d’autres partis attendent leur agrément, selon le ministre de l’Intérieur. Ils s’ajouteront aux 44 partis politiques (dont 21 fraîchement accrédités) ayant pris part aux dernières législatives. Cette débauche de partis, donc de candidatures, va surtout conduire à un éparpillement des voix.

L’émiettement combiné à l’élimination des listes n’ayant pas obtenu le quotient électoral (5% des suffrages au niveau de chaque wilaya), a favorisé les principaux partis, notamment le FLN et le RND. Or, près de 1,7 million d’électeurs n’ont fait aucun choix. Autrement dit, l’offre politique a été largement repoussée par la plupart des citoyens. Par conséquent, la composition de l’APN est restée telle qu’elle était en 2007. Le FLN et le RND, à eux seuls, détiennent plus que la majorité absolue. 90% de la représentation nationale des sièges de la chambre basse ont été obtenus par les 5 ou 6 principaux partis politiques ainsi que les Indépendants. Les autorités ont misé sur le fait que cette augmentation du nombre de partis serait un argument de mobilisation pour les élections. Pour les locales, le pourcentage éliminatoire sera de 7%. Evidemment, les petits et micro-partis n’auront aucune possibilité d’atteindre ce taux (7%). Ils ne pourront pas non plus satisfaire les quotas de 20 à 50% de femmes dans leurs listes électorales proportionnellement à la taille de la circonscription. La liste des communes de plus de 20.000 habitants, doit comporter une proportion de candidates qui ne saurait être inférieure à son tiers. Le non-respect de cette disposition entraînera le rejet de la liste concernée. Vu la présence réduite et insignifiante de la femme sur la scène politique nationale et particulièrement au niveau local, beaucoup de partis, notamment les nouveau-nés, auront énormément de mal à satisfaire cette exigence. Même si le multipartisme a eu chez nous pour objectif de donner une façade démocratique au pays, on voit mal l’utilité de tant de partis dans le paysage politique. Les partis sont en réalité réduits au rôle d’appareils et sont même empêchés d’accéder au pouvoir par le biais des urnes et des élections. Selon certains analystes, la mission des partis est non pas d’assurer la participation de la population à la vie politique mais plutôt de représenter l’État auprès de la population. En outre, les résultats des différents scrutins indiquent une logique de quotas et non l’expression de base électorale des partis. Ces derniers ne sont pas considérés comme des concurrents, mais plutôt des auxiliaires à qui il est demandé d’obtenir une représentativité électorale. Ainsi façonné, le système de partis est intégré à l’État et non à la société dont il est censé représenter les différents courants. Il est vrai que les partis sont plus soucieux de leurs relations avec le régime qu’avec leur base électorale. La création de ces nouveaux partis a conduit, lors du dernier scrutin législatif, à l’élection des barons de l’informel et la domination de l’argent sale sur l’éthique politique, indiquent les observateurs.