Confrontés à des préoccupations quotidiennes et à des revendications qui n’ont trouvé ni oreille attentive ni solution, les électeurs seront encore une fois difficiles à convaincre pour se rendre à ce rendez-vous électoral.
Qui croira aux promesses de ceux qui tenteront l’aventure du 29 novembre? Certainement pas les Algériens qui vivent à longueur d’année au rythme de la flambée des prix de produits de consommation de base, des fruits et légumes, des viandes, du poisson… dans un environnement plus que repoussant où les règles d’hygiène élémentaires ne sont pas respectées. Des indices qui ne trompent pas montrent qu’ils ne seront pas près de se mobiliser pour un scrutin qui en définitive, ne revêt d’intérêt que pour ceux qui en sollicitent le mandat.
A titre d’exemple, aucune APC (Assemblée populaire communale) sur les 1541 que compte le pays n’a réglé le problème du ramassage d’ordures. Des montagnes de détritus s’amoncellent sur les trottoirs ou dorment dans des poubelles, souvent pendant plusieurs jours. Elles dégagent des odeurs nauséabondes et sont devenues des foyers de prolifération pour un certain type de rongeurs (les rats en l’occurrence).
Un contexte qui a ouvert la voie à la réapparition de certaines maladies datant du Moyen Age, à l’instar de la peste qui a décimé près de 50% de la population européenne entre 1347 et 1351 et que l’on pensait définitivement disparue.
Les chiens et les chats errants, qui sont des vecteurs terrestres identifiés de la rage, en ont fait un de leur territoire privilégié. De nombreux cas de cette maladie ont été signalés ces dernières années aux quatre coins du pays. Un triste spectacle auquel se sont étrangement familiarisés les administrés et qui n’a pas trop ému les élus. La pollution et la détérioration de l´environnement, qui parasitent le quotidien des citoyens, donnent la nette impression qu´elles sont loin de faire partie des priorités des pouvoirs publics et de ceux qui ont en charge les affaires de la cité. Les rues et les ruelles des villes et des villages algériens en plus d´être insalubres, sont défoncées. Leurs trottoirs sont devenus des dépotoirs alors que l’éclairage y est souvent défectueux. Les horaires de ramassage d´ordures sont irréguliers. Entassées dans des poubelles ou jonchant à même le sol, elles y séjournent parfois plusieurs jours avant d´être évacuées favorisant la naissance et la multiplication de foyers de microbes.
Les coupures de courant intempestives qui dominent l’actualité complètent ce tableau qui donne un schématique aperçu du quotidien compliqué des citoyens et témoigne du fossé qui les sépare de leurs élus. C’est sur ces thèmes qu’ils sont attendus par leurs électeurs. Confrontés à des préoccupations quotidiennes et à des revendications qui n’ont trouvé ni oreille attentive ni solution, ils seront encore une fois difficiles à convaincre à se rendre à ce rendez-vous électoral.
Lors des élections législatives du 10 mai 2012, 57% des Algériens avaient boudé les urnes. Ils auraient pu être encore plus nombreux si le président de la République n’était pas descendu dans l’arène. «Je m’adresse aux jeunes qui doivent prendre le témoin, car ma génération a fait son temps. Après avoir libéré le pays et participé par la suite à son édification, l’heure de la retraite a sonné pour les anciens ne pouvant plus gérer les affaires du pays. On vous transmet le témoin. Il faut prendre soin de ce bien construit sur des bases solides…Le pays est entre vos mains, prenez-en soin», avait solennellement déclaré Abdelaziz Bouteflika à Sétif, à l’occasion de la commémoration des événements du 8 Mai 1945.
Un discours mémorable qui a poussé des millions d’indécis à aller voter. La classe politique, qui ne possède pas de marge de manoeuvre, doit le méditer. L’abstention demeure l’ennemi implacable tant redouté de l’ensemble des partis qui se lanceront à la conquête des 1541 mairies que compte le territoire national. Elle pourrait établir cette fois-ci un record historique…
