“Il n’y a plus d’élus à Oran, ils sont tous incompétents et se moquent des citoyens… Même les habitants, il faudrait les dresser…”.
Ils sont assis devant le pas de porte de leur immeuble dans une ruelle parallèle à la rue Khemisti, et donc au cœur de la ville. La vue de ces deux citoyens s’étend, de part et d’autre sur des amoncellements d’ordures et de détritus qui remontent à plusieurs jours. Les rats, en plein après-midi, ne sont pas effrayés par l’activité humaine qui semble se poursuivre comme si de rien n’était. Et nos deux acolytes qu’on interpelle sur l’état déplorable de la ville, la saleté, les immeubles dégradés, les façades répugnantes, ont une réaction spontanée : “Il n’y a plus d’élus à Oran, ils sont tous incompétents et se moquent des citoyens… Même les habitants, il faudrait les dresser, il n’y a plus rien qui fonctionne comme il se doit à Oran,
c’est foutu !”. Alors que les élections locales sont prévues pour le 23 novembre 2017, la question de la gestion de la ville, des services de base des communes au profit de la communauté, du rôle et du pouvoir des élus, devraient se poser automatiquement ainsi que les solutions pour freiner la ruralisation d’Oran.
Pour l’heure et sans surprise pour le commun des Oranais, ce sont des questions qui ne seront guère évoquées dans le fond, tant pis pour eux, les élections ont perdu toute signification. Les véritables enjeux sont ailleurs semble-t-il, et nos deux citoyens ont un soupir qui en dit long. Ils n’empêchent qu’ils rêvent de voir à la tête des affaires de la ville, des hommes et des femmes qui auront le courage et la liberté de rompre avec les pratiques qui perdurent et qui font qu’Oran n’est plus que l’ombre d’elle-même et que les discours sur sa dimension méditerranéenne ne sont que des paroles en l’air. En attendant la “naissance d’élus au service des citoyens”, c’est la wilaya, et c’est tout un symbole du partage des pouvoirs au niveau local, voulu depuis les années 1990, qui monte au créneau et qui agit pour tenter d’améliorer le cadre de vie des Oranais, allant même à révoquer des élus comme cela s’est passé récemment à Bouaâmama. Mais là aussi, ne s’agit-il pas que de façade ?

D. LOUKIL.