La candidature est désormais un moyen pour accéder aux rênes du pouvoir et à l’amélioration du statut social.
La scène politique est en effervescence et pour cause, l’approche des locales qui auront lieu le 23 novembre prochain. Alors que l’administration s’attelle à préparer la logistique et tente de convaincre le citoyen à aller exprimer librement son choix, les participants, eux, se livrent une guerre de positions sur les listes des postulants.
Dans cette course aux places, un fait anodin caractérise la situation. Le nomadisme politique prime. A la lecture des listes, le citoyen retrouve des noms auxquels il est habitué. Des anciens du FLN au RND, des ex-Ennahda au MSP. Si pour ces changements ils sont admissibles eu égard à la ressemblance entre les objectifs et les programmes de ces formations, la présence d’anciens RCDistes dans les listes FLN ou RND s’apparente plus à un opportunisme extra qu’à une quelconque logique politique, à moins que l’on admette qu’en politique tout est permis. Sur ce plan, la liste RND pour l’APW de Bouira a défié toute déontologie. Le FLN n’a pas échappé à cette mode. Un ex-député, mouhafedh, maire n’a pas hésité à changer de cap et à se présenter sous une nouvelle bannière effaçant d’un revers de la main toute une carrière politique en reniant ainsi la confiance de milliers de militants qui par le passé avaient confié leurs voix à cet élu.
Ce va-et-vient entre les formations serait passé inaperçu s’il avait concerné des partis microscopiques qui ne se manifestent qu’à l’occasion des élections. L’autre grand scandale concerne précisément les composantes des listes. Unanimement, l’opposition reproche à tort ou à raison le recours aux liens de parenté dans la nomination des hauts cadres. Certains vont dans leur excès de zèle jusqu’à qualifier la République de «royaume familial». Ces mêmes détracteurs n’hésitent pas à recourir à des critères pas du tout catholiques dans le classement des candidats. Pour le prochain suffrage, on a le père, le fils, la fille, le frère, la soeur, le gendre…sur des listes et tous aux premières loges. Parce que le militantisme, la conviction, ne sont plus de mise, la candidature est désormais un moyen pour accéder aux rênes du pouvoir et l’amélioration du statut social. Une troisième remarque ressort à la lecture des listes. Il s’agit du niveau intellectuel. La grande majorité des candidats est constituée des rejetés précoces du système scolaire. Très rares sont ceux qui ont dépassé le collège.

Très rares aussi sont ceux qui ont une idée sur les prérogatives d’un élu, qui connaissent le Code communal ou de wilaya. Avec pareil carnaval, les pouvoirs publics auront toutes les peines du monde à combattre l’abstention. L’ouverture prochaine de la campagne électorale sera le baromètre qui confirmera ou infirmera le choix du boycott comme réponse au marasme qui domine la scène politique locale, mais aussi nationale.