Le vent de l’abstention se fait déjà sentir dans les cercles politiques
Les prochaines élections législatives vont tout simplement reconduire la même équipe par défaut ou dans le pire des cas, nous allons connaître une nouvelle distribution des rôles.
Alors que trois mois nous séparent du prochain scrutin législatif, la scène politique nationale demeure néanmoins otage de discours tapageurs des uns et positions léthargiques des autres. Les promesses des autorités du pays, assurant l’organisation des élections législatives de mai dans des conditions transparentes, ne suscitent guère l’intérêt des forces politiques du pays, ni celui des citoyens. Le vent de l’abstention se fait déjà sentir dans les cercles politiques et ses signes avant-coureurs réveillent et multiplient de vraies-fausses querelles, intempestives, inter et intra-partisanes, pitoyables effets de manche, dans des cercles politiques traditionnellement proches du pouvoir. Par ailleurs il y a le citoyen, régulièrement confronté à son quotidien et son lot de problèmes emploi, logement, cherté de la vie, qui reste en mouvement de protestation. Des observateurs avertis soutiennent que le prochain scrutin législatif sera marqué par une forte abstention des électeurs. Cette situation d’incertitude fait dire à certains analystes que les jeux sont déjà fermés et le champ politique verrouillé devant les démocrates et ouvert aux partis inscrits dans la logique du pouvoir, en l’occurrence le MSP, le FLN et le RND, d’où, les tractations, la répartition des rôles, la confection du fichier électoral et la mise au point des quotas, le tout préparé à l’abri des regards dans des officines rompues à ces manoeuvres! D’autres relèvent, en revanche, que les prochaines élections législatives vont tout simplement reconduire la même équipe par défaut ou dans le pire des cas nous allons connaître une nouvelle distribution des rôles avec l’arrivée des partis (actuellement) en voie d’agrément. S’agissant de la transparence des urnes, ces mêmes observateurs soulignent qu’un tel discours a été toujours avancé par les autorités du pays, à la veille de chaque élection. Le pouvoir annonce l’agrément imminent de nouveaux partis, c’est une démarche qui trouvera son explication dans un pluralisme de façade savamment dosé, après un verrouillage politique. «Pour que les élections échappent à la hantise de l’abstention, il faut une commission de préparation et de surveillance qui soit complètement indépendante», souligne le député de Béjaïa, Tarik Mira, avant de suggérer que les ministères de la Justice et de l’Intérieur doivent être au service de cette commission. Là, ce sera, dit-il, un signal très fort qui fera bouger l’opinion publique et mobilisera les citoyens pour le scrutin. Et de poursuivre: «En dehors de ce cadre, les citoyens appréhenderont ce vote comme un renouvellement de la classe politique. Se posera alors la question aux démocrates s’il faut jouer la fonction tribunitienne ou non?». De son côté, Abdelhak Berarhi, secrétaire général du Comité de citoyens pour la défense de la République (Ccdr) a souligné: «Comme les précédentes, ces élections législatives sont un leurre, en l’absence d’une organisation neutre de contrôle du fichier électoral et du processus électoral lui-même», estimant que «le changement [se fera] dans la continuité, avec les mêmes acteurs et le même arbitrage.» S’agissant de l’implication du pouvoir judiciaire pour assurer un scrutin libre et transparent, il indique: «Rien ne changera aux habitudes compte tenu de sa [la justice] dépendance du pouvoir politique, malgré les frémissements et les soubresauts d’hommes de loi crédibles». C’est dire enfin que tout cela fait partie du spectacle; c’est de la poudre aux yeux qu’on jette aussi bien à l’opinion publique nationale qu’internationale!