Élections législatives : Un enjeu certain

Élections législatives : Un enjeu certain
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Tous les politiques sont d’accord sur un point : les prochaines échéances électorales seront différentes de celles que le pays a déjà connues.

Le premier à l’avoir indiqué est le Chef de l’Etat à l’issue du Conseil des ministres du mois de décembre dernier. M . Bouteflika a affirmé se réjouir du fait que les élections se tiendront «dans une pluralité sans précédent, avec la participation d’une classe politique qui sera renforcée par de nouveaux partis». Ce vendredi, en déplacement à Sétif, le SG du FLN, M. Abdelaziz Belkhadem, a abondé dans le même sens. Il a déclaré devant l’assistance que les prochains scrutins seront «différents de tous les précédents». Mieux, le patron de ce parti a déclaré que «l’Algérie a rendez-vous, au printemps prochain, avec une élection cruciale pour son avenir». Il y a un peu plus d’une semaine, c’est le SG du RND qui a souligné l’importance de cette élection à l’occasion de la conférence de presse qu’il a animée le 7 janvier. Il avait déclaré que les élections allaient forcément donner lieu à une nouvelle cartographie du paysage politique du pays. Cette certitude est aussi présente chez nombre d’autres formations qui se préparent à prendre part à ces joutes électorales. Car, sont-ils persuadés, un éventuel boycott les exclurait de facto de la scène nationale, non seulement le temps du mandat de la prochaine législature, mais certainement pour une durée beaucoup plus longue. Cette crainte, non exprimée officiellement certes, taraude les esprits des dirigeants du FFS. En effet, adepte de la politique du boycott, la formation d’Aït Ahmed s’est auto-exclue de la scène politique en se refusant cette tribune parlementaire qu’elle a exploitée durant la législature de 1997-2002. Mais après se participation aux premières législatives pluralistes du pays, le parti a opté pour une autre stratégie sur la base de laquelle il a boudé les deux dernières législatures (2002-2007 et 2007-2012). Un choix qui a fait que le FFS est resté à l’écart du jeu politique et du débat parlementaire de ces dix dernières années. Années durant lesquelles il a produit un discours des plus radicaux sous la houlette de son ancien premier secrétaire national. Cependant, du côté du FFS, certains indices laissent à penser que cette approche sera délaissée à l’occasion de ces prochaines échéances électorales. Il est vrai que pour l’heure, la direction du parti entretient le suspense sur sa participation ou non, affirmant que c’est la décision sera prise sur la base de ce qui se dégagera à l’occasion de la tenue le 11 février prochain de la convention nationale du parti. Mais de nombreux observateurs estiment que la tendance qui privilégie la participation l’emportera. Car l’enjeu pour les militants du FFS est de taille. Et le dilemme qu’ils doivent résoudre est celui de faire le choix entre opter pour la participation et se remettre dans le jeu politique ou opter pour le boycott et ainsi s’exclure définitivement. Plus encore, pour le FFS, il s’agit surtout de se réinscrire comme élément clé dans le nouveau champ politique algérien qui sera reconfiguré au lendemain des élections de mai prochain. Et ce d’autant que le FFS et tous les autres partis qui eux ne font aucun mystère sur leurs intentions électorales ne peuvent ignorer que ces élections, par le fait qu’elles se tiennent d’une part dans le sillage des bouleversements politiques que la région a enregistrées cette dernière année, et qu’elles sont le premier exercice post-réformes initiées par le Chef de l’Etat, elles seront nécessairement différentes des précédentes.



Du reste, tous les partis s’accordent à reconnaître qu’elles seront aussi transparentes. C’est l’engagement pris par le gouvernement devant l’opinion nationale et internationale. Il veillera de manière particulière à ce que le déroulement du scrutin ne soit entaché d’aucun couac. Preuve en est, toutes les dispositions organisationnelles ont été prises en vue de rassurer les compétiteurs à la course électorale. M. Ouyahia a souligné que l’intégrité et la transparence des prochaines élections seront garanties par les mesures qui seront prises, notamment la présence d’observateurs internationaux, le contrôle des partis et des listes, ainsi que l’obtention par les partis d’un PV de dépouillement, outre la présence d’une commission de contrôle et d’une commission de magistrats. Des garanties auxquelles il y a lieu aussi de rajouter la présence d’observateurs étrangers.

Mais si ces élections nécessitent pour leur transparence toutes ces garanties, il faut aussi souligner que leur réussite reste aussi tributaire davantage de maturité et de conscience dont il faudra que les participants et les électeurs fassent preuve.

Nadia Kerraz

La scène politique s’emballe

Les formations politiques sont-elles déjà en campagne pour les prochaines législatives ? Si la question mérite bien d’être posée, d’aucuns sont tentés de répondre par l’affirmative, eu égard à l’agitation, voire la fièvre électorale qui s’empare, déjà, des partis en lice. Meetings pour les cadres et militants, rencontres de proximité et rassemblements populaires semblent désormais inscrits aux programmes des diverses formations. Bref, ces jours-ci, ce n’est certainement pas l’animation qui fait défaut en matière politique, au grand bonheur des médias qui n’en demandaient pas tant pour enrichir leurs feuillets.

Le FLN, qui a organisé samedi dernier une rencontre de proximité dans trois daïras de la wilaya de Sétif, a souligné toute l’importance du prochain scrutin, d’autant que, comme souligné par le SG du FLN, lui-même, M. Abdelaziz Belkhadem, «l’Algérie a rendez-vous, au printemps prochain, avec une élection cruciale pour son avenir qui verra la participation des partis animant actuellement la scène politique, ainsi que ceux qui seront créés dans le cadre de la nouvelle loi. Le peuple aura, en fait, à choisir, lors de cette importante échéance, les députés de la future Assemblée populaire nationale».

Le doyen des partis politiques algériens a programmé une autre rencontre de proximité pour le 21 janvier. Cette rencontre qui se tiendra à Oran, sous la présidence du SG du FLN, aura pour objectif d’expliquer le contenu des réformes et ciblera un public composé essentiellement de femmes et de jeunes filles, bien qu’elle soit destinée au profit de l’ensemble des militants de la région.

Le Rassemblement national démocratique (RND), qui n’a pas encore communiqué les dates de ses prochaines rencontres, a, lui également, donné rendez-vous à ses militants et sympathisants, le week-end dernier, à Béjaïa, Bordj Bou Arréridj, Bouira et Jijel, et compte organiser chaque semaine des rencontres de proximité avec des citoyens vivant dans les différentes régions de l’Algérie profonde.

Faut-il le rappeler, lors d’une rencontre initiée au cours de la semaine écoulée, le SG du RND a exhorté les membres du conseil de wilaya de Bordj Bou Arréridj, ainsi que les élus à resserrer les rangs du parti au niveau local, et insisté sur le comportement exemplaire des élus pour rassurer les électeurs.

Le Parti des travailleurs (PT), qui a tenu 4 rencontres régionales fin décembre dernier à Annaba, Sétif, Oran et Alger, a organisé durant cette même période des réunions de bilan, respectivement avec la commission des femmes travailleuses, les responsables syndicaux et l’organisation des jeunes du parti. Il s’affaire présentement à préparer la réunion du bureau politique qui devrait avoir lieu le 20 janvier.

En outre, on apprend que le Front national algérien (FNA), formation présidée par M. Moussa Touati, tiendra des rassemblements populaires les 26, 27 et 28 janvier dans les wilayas de Skikda, Jijel et Biskra.

En somme, les prochaines législatives, annoncées pour la première quinzaine de mai 2012, constituent sans nul doute un événement majeur pour lequel devront rivaliser d’anciens militants issus de diverses formations et des moins anciens, voire des nouveaux venus dans la scène politique nationale.

Soraya G.

L’abstention, éternelle problématique électorale

Présidents de partis politiques, électeurs, analystes, ainsi qu’observateurs nationaux et étrangers s’interrogent sur le niveau de participation, d’abstention pour ainsi dire, aux prochaines législatives qui se tiendront dans quatre mois. Chacun y va de son analyse. L’abstention ? Au sein du Front de libération nationale, on n’y croit pas trop. M. Abdelhamid Si Affif, député du parti, parle d’un «phénomène international qui n’épargne aucun pays, quel que soit son degré de démocratie», et mise, tout de même, sur une participation massive, meilleure que celle du scrutin de 2007. «Je pense que le taux de participation au prochain scrutin sera de 60%», prévoit-il, optimiste.

Cependant, il voit en les législatives le type d’élections le plus difficile où le taux d’abstention peut être élevé. Explication : «Il est aujourd’hui extrêmement difficile pour un candidat de convaincre dans une localité dont il n’est pas originaire.» Aussi, soutient notre interlocuteur, «la multiplicité de candidatures et de partis peut provoquer une forte abstention». Etant une arme à double tranchant, cette candidature, indicateur d’une ouverture politique, risque de «pousser l’électeur à ne pas se rendre aux urnes, car il se voit perdu». Toutefois, «compte tenu d’une volonté réelle de l’Etat, les partis ainsi que les citoyens sont très motivés par l’idée d’une échéance démocratique». De son côté, le leader du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani, dubitatif, pense que «les partis ont besoin d’un choc national pour sensibiliser les électeurs qui sont toujours indifférents». Et n’écarte pas l’idée de revivre le même scénario que celui de 2007. Le raz-de-marée électoral évoqué par certains analystes sera «islamiste», a soutenu, à maintes reprises, M. Soltani. Pour le Parti des travailleurs, on ne veut pas entendre parler d’une prévision d’abstention. «Au lieu de la prévoir, il serait judicieux de chercher ses raisons», a déclaré, hier, Djelloul Djoudi, membre du bureau national et chargé de la communication au sein du parti. Quelles sont les garanties que le PT demande pour un scrutin transparent ? Outre la présence des magistrats déjà acquise, mais insuffisante à ses yeux, M. Djelloul revendique «la participation des partis politiques dans toute l’opération du vote qui donnera plus de crédibilité au scrutin».

M. Ould Kablia :

“Le citoyen n’a rien à craindre et son choix sera respecté”

M.Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, dans une déclaration faite la semaine dernière, a évoqué les craintes soulevées par certains partis à propos de l’abstention lors du prochain scrutin. « Personnellement, c’est une crainte qui m’habite, compte tenu que le scrutin législatif par le passé n’a pas mobilisé grand monde ». « C’est le scrutin où il y a le plus fort taux d’abstention comparativement aux élections locales où les intérêts sont plus grands et aux élections à caractère national telles que les élections présidentielles ou les référendums », a-t-il souligné.

« Nous disons que c’est un argument qui ne peut plus être valable », a-t-il répliqué à ceux qui prétextent que les résultats seraient connus d’avance.

L’autre raison de ne pas se rendre aux urnes tient, selon M. Ould Kablia, au profil des candidats choisis « qui ne répondraient pas au souhait des électeurs ».

« En ce qui nous concerne, nous faisons ce qui est en notre pouvoir de faire, à savoir assurer la transparence et rassurer le citoyen pour lui dire qu’il n’a rien à craindre à ce sujet et que son choix sera respecté. Il reste aux partis de désigner des candidats crédibles », a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, le ministre avait rappelé que le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, «a dit et répété que le prochain scrutin ne ressemblera en rien à ceux qui l’ont précédé», appelant l’Administration, la justice, les commissions de contrôle et les partis politiques à prendre leur responsabilité «pleine et entière».

Fouad Irnatene