La révision des listes électorales a commencé
le Nombre de sièges en hausse. La forte présence des femmes sur les listes électorales. Les élections surveillées par les magistrats. Les nouveaux partis en lice. L’amendement de la Constitution.
A trois mois des élections législatives, les partis sont à pied d’oeuvre pour choisir la liste des candidats. Les indépendants se préparent également à cette échéance. Les futurs candidats aux législatives du 10 mai auront jusqu’au 26 mars 2012 pour déposer leur dossier de candidature. L’opération de retrait des dossiers de candidatures devrait démarrer dès aujourd’hui. C’est également la date choisie par le ministère de l’Intérieur pour amorcer l’opération de révision exceptionnelle des listes électorales. D’autres mesures portent ce caractère exceptionnel. C’est le cas pour le nombre de députés à l’APN qui sera revu à la hausse. Ils seront 73 nouveaux à occuper un siège à l’hémicycle.
La deuxième nouveauté lors de ces élections est celle relative au contrôle du scrutin par les magistrats. En troisième lieu, il y aura une kyrielle de partis autorisés à tenir leurs congrès qui présenteront pour la première fois des listes aux prochaines élections. La quatrième nouveauté est liée à l’obligation de représentation de la femme sur les listes électorales.
A cela s’ajoute le fait que toute l’opération intervient comme le couronnement du processus de réformes politiques lancé par le Président de la République le 15 avril dernier.
Une fois installés dans leur fonction, les députés auront la lourde tâche d’amender la Constitution. C’est dire que la classe politique accorde un intérêt particulier à ce rendez-vous électoral.
Ce sera, en quelque sorte, une manière de confirmer l’exception algérienne au milieu de la tourmente des révolutions arabes puisque la transition projetée en Algérie se fera de manière pacifique.
Le pays a alors l’obligation de réussir ce processus, d’abord parce que c’est une demande de la population et ensuite parce que le reste du monde se tient en poste d’observation pour décider des suites à réserver à ses relations avec le régime algérien. D’ailleurs, des observateurs étrangers sont invités à venir s’assurer de la transparence du scrutin. C’est une vertu à laquelle tient particulièrement le président de la République. C’est ce qu’il a affirmé dans son discours de jeudi dernier. Il tient aussi à l’impartialité. C’est ce qui lui inspire une mesure jamais adoptée auparavant. Celle d’encadrer strictement la campagne menée par les cadres de l’Etat, y compris les ministres qui doivent s’abstenir d’effectuer des visites de travail dans les wilayas dans lesquelles ils se présentent en tant que candidats.
Avant d’arriver à la convocation du corps électoral, de grosses polémiques ont entouré l’élaboration de la loi électorale et de la loi sur la représentation de la femme dans les institutions élues. La loi sur l’incompatibilité du poste de députés avec quelques autres fonctions a aussi suscité un débat houleux. Idem pour la place des islamistes dans le processus des réformes.
En outre, le pays a de fortes chances de discuter une nouvelle fois des modalités de préparation aux élections lors d’un autre rendez-vous qui est tout aussi important que les élections législatives. Avant la fin de l’année, il y aura effectivement les élections locales pour la désignation des membres des Assemblées populaires communales et de wilayas. Les codes de la wilaya et de la commune sont déjà amendés par l’actuelle APN.
2012 ne s’achèvera pas sans que le peuple algérien ne soit doté d’une nouvelle Constitution.
Ce n’est pas le première fois que la Loi fondamentale est amendée. Suite aux événements de 1988, il y a déjà eu un référendum pour se prononcer sur un nouveau texte. C’est à 2008 que remonte le dernier amendement. Donc, la prochaine APN aura à exercer à l’ombre d’une nouvelle Constitution. Fatalement, seront inscrits dans ses articles plus de droits pour les Algériens. Les assemblées élues auront, à coup sûr, à traduire les nouvelles dispositions dans un corpus législatif apte à les rendre applicables. L’APN aura à décider de la forme future de l’Etat algérien.
La classe politique est partagée à ce sujet. Le choix n’est pas encore définitif pour savoir si le régime présidentiel est le plus adéquat pour la conduite des affaires de la Nation ou s’il faut au contraire adopter un régime semi-présidentiel ou carrément parlementaire.
Toutes ces considérations font que les élections du 10 mai sont vraiment capitales car elles engagent l’avenir du pays sur des dossiers politiques hautement sensibles. Si sensibles que certains partis aimeraient voir instituer une Constituante pour mettre en place les fondements d’une IIe République. Mais visiblement, on n’en est pas encore là.