Le verdict de l’Algérie a probablement sonné le glas des révolutions arabes
Les électeurs n’ont pas porté les islamistes au pouvoir. En Algérie, le Printemps arabe ne passe pas par les urnes. Tous ceux qui ont prédit une vague verte doivent déchanter.
L’exception algérienne est confirmée par l’élection du 10 mai dernier. C’est le message adressé par les électeurs au monde entier et non seulement aux pays arabes. Les votants ont tenu compte du contexte régional et à la précarité sécuritaire. Ce scrutin a enfanté un vote refuge et utile. C’est suffisamment souligné par les observateurs et les commentateurs.
Les électeurs ont eu un réflexe de survie et ont surtout cherché de l’assurance. Le FLN est le parti qui leur offre ces garanties.
Les électeurs ne sont pas allés à l’aventure. Ils n’ont pas saisi le message des 21 nouveaux partis. D’ailleurs presque la moitié des formations en lice n’a pas obtenu de siège. 26 partis et des indépendants sont représentés à l’APN. Lors des élections de 2007, il y a eu 21 partis représentés. Il n’y a donc pas trop de nouveaux venus. Même si c’est le cas pour ceux de Menasra et Amara Benyounès. Ces derniers n’ont obtenu que des résultats minimes qui n’auront pas d’influence sur le cours des événements. Il y a également 19 indépendants dont cinq femmes. Les indépendants étaient parvenus par le passé à constituer un groupe parlementaire avec plus de 30 députés. Cette époque a vécu. Actuellement, seulement cinq partis et alliances auront des groupes parlementaires pour proposer des lois. Belkhadem leur tend la perche en promettant un statut pour l’opposition. En tout cas, le constat à tirer de ces élections est qu’il n’y pas de force alternative. Les islamistes sont divisés. Les démocrates aussi. Il ne sont pas près d’achever leur unité. Donc, on revient aux fondamentaux pour reconduire la même majorité. Depuis plus d’un an, la rue gronde pour contester la politique du gouvernement conduit par le FLN et le RND et voilà qu’on leur renouvelle la confiance. Explication: les votants d’hier sont les mêmes que ceux d’aujourd’hui. Ceux qui prônent le changement sont restés chez eux. Et pourtant, le moment est venu d’écouter la majorité silencieuse. Mais il ne faut pas confondre silence et révolte.
En Tunisie, ceux qui n’ont pas voté pour les islamistes ne sont pas sortis dans la rue pour contester le résultat du vote. Il en sera peut-être de même en Algérie pour que les choses puissent poursuivre leur cours comme un long fleuve tranquille. Avec un resserrement des résultats, on est loin de faire un saut dans l’inconnu. C’est en quelque sorte, l’appel de Bouteflika qui a été entendu car il a appelé à faire barrage aux ingérences étrangères. C’est ce qui s’est passé dans les pays arabes. Al Jazeera et d’autres organes d’information ainsi que des gouvernements étrangers se préparaient à faire des gorges chaudes sur l’avènement du Printemps arabe en Algérie. C’est raté. Les médias se préparaient à confectionner des ouvertures tonitruantes. Ils dissimulaient mal leur envie de rééditer leur taux d’écoute lors des événements en Libye, en Egypte et auparavant en Tunisie. Or, le verdict de l’Algérie a probablement sonné le glas des révolutions arabes. C’est le FLN qui est le porte-drapeau de ce coup d’arrêt à la déferlante islamiste. L’espoir du Tunisien Ghannouchi de voir la vague verte déferler sur l’Algérie est anéanti. Désormais, le sort de l’Algérie se jouera à l’APN. Même si elle n’a pas un pouvoir constituant originel puisqu’il n’est que dérivé, il n’en demeure pas moins que l’équilibre des institutions devra naître de la prochaine Constitution.
Les Algériens veulent de nouvelles conquêtes comme la stabilité. Cela passera par le régime semi-présidentiel.
Les islamistes ont perdu leur pari d’instaurer le régime parlementaire. Avec la majorité de l’Alliance à l’APN, on est au moins sûr de mettre le cap sur le développement économique. En quelques années, des millions de logements ont été attribués. Bon an, mal an, 13 milliards de dollars sont versés au social. Mais on continue de réclamer plus de justice sociale et davantage d’emplois.