Elections législatives du 10 Mai,La campagne a-t-elle été transgressée?

Elections législatives du 10 Mai,La campagne a-t-elle été transgressée?
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On ne peut pas mettre derrière chaque candidat un magistrat

Des candidats, des leaders politiques et même des membres de l’Exécutif ont joué les prolongations dans le cadre de la campagne électorale, officiellement close le 6 mai à minuit.



L’opération qui a été lancée le 15 avril a pris fin, en principe, lundi à zéro heure. Selon l’article 188 de la loi organique relative au régime électoral, adoptée en novembre 2011, par les deux chambres du Parlement (APN et Sénat, Ndlr), «sauf les cas prévus aux articles 88 et 89 de la Constitution, la campagne électorale est déclarée ouverte vingt-cinq (25) jours avant la date du scrutin. Elle s’achève trois (3) jours avant la date du scrutin». «A partir de cet instant, toute action de campagne ou de propagande à visée électorale est prohibée» peut-on lire sur le site de la Radio nationale. Ce délai passé, des ministres ont pourtant appelé les électeurs à se rendre massivement aux urnes. «Pour ce 10 mai, je souhaite que tous les Algériens aillent voter car c’est très important. Ils votent pour celui qui les agrée, mais ils doivent voter (…) pour un meilleur processus démocratique en Algérie», a déclaré lundi à partir de Sétif le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Noureddine Moussa, a rapporté L’Expression dans son édition du 8 mai 2012.

Le ministre de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid, en visite de travail, lui aussi, dans la capitale des Hauts-Plateaux, avait demandé aux enseignants de faire un cours hier (mardi, Ndlr) aux élèves sur les élections pour que ces derniers puissent sensibiliser leurs parents sur l’utilité de l’acte de vote, a ajouté le quotidien algérois. Le leader du Mouvement de la société pour la paix a de son côté animé, le 7 mai, le lendemain de la clôture de la campagne électorale, une conférence de presse au siège de son parti à Alger, en compagnie de ses deux partenaires de l’Alliance pour une Algérie verte, les patrons d’El Islah, Hamlaoui Akouchi et d’En Nahda, Fateh Rebaï.

Le successeur de feu Mahfoud Nahnah se voit déjà en haut de l’affiche et pourquoi pas à la tête du prochain gouvernement. «Il y a quatre indicateurs qui nous font croire qu’on sera parmi les premiers aux prochaines élections (…) et même la première force politique dans le pays», a, entre autres, indiqué aux journalistes Bouguerra Soltani qui a largement commenté le rendez-vous du 10 mai (taux de participation…).Dans un autre registre, le portrait de Abdeslam Bouchouareb, numéro deux sur la liste du Rassemblement national démocratique à Alger, continue toujours (jusqu’à hier) d’être diffusé par le quotidien électronique TSA. Le président du Front de la justice et du développement a profité quant à lui, de l’opportunité que lui a offerte le journal El Wassat pour jouer les «temps morts» et faire la promotion du programme de son parti.

«Nous proposons la création d’un ministère délégué auprès du ministre des Finances chargé de la zakat. Il aura pour mission de recenser les pauvres et collecter la zakat. En plus des sources alimentant la caisse de la zakat, il convient d’ajouter la zakat sur les ressources naturelles.

Le pétrole, seul, peut générer près de trois milliards de dollars américains par an (l’Algérie devrait engranger près de 20 milliards de réserves de change en 2012 si le niveau du prix du baril reste autour des 100 dollars, selon les estimations du Fonds monétaire international, Ndlr), ce qui est suffisant pour endiguer la pauvreté en une année, une fois ces fonds redistribués», a confié, lundi passé, Abdallah Djaballah qui était l’invité du Forum du quotidien arabophone.

Ces interventions qui se sont déroulées au vu et au su de tout le monde n’ont pas fait l’objet de réactions de la part de la Commission nationale de surveillance des élections ou des formations politiques en lice pour le scrutin du 10 mai. La campagne a-t-elle été pour autant transgressée? Les exemples que nous venons d’évoquer poussent à le croire. Sinon, c’est dans tous les cas sur le fil du rasoir. Il est vrai que l’on ne peut pas mettre derrière chaque candidat un magistrat, l’éthique et la loi doivent être respectées. Sinon pourquoi se faire le chantre de la lutte contre la fraude, la corruption… quand soi-même on «triche».