Le chef de la mission des observateurs de l’Union européenne (UE) aux élections législatives du 10 mai dernier, Ignacio Sanchez Salafranca, est revenu à Alger. Il est dans la capitale depuis le 1er août.
Durant sa visite en Algérie qui durera 5 jours (1er au 5 août), le chef de la mission procèdera à la remise officielle aux autorités algériennes du rapport final de la mission des observateurs de l’UE. Certaines ont déjà reçu le rapport qui concerne les conclusions de l’observation des législatives. Il présente une évaluation «approfondie, détaillée et impartiale» du processus électoral, conformément au cadre juridique national et régional ainsi qu’aux normes et traités internationaux signés par l’Algérie. Il est attendu que les grandes lignes du rapport ne s’éloignent pas beaucoup de la déclaration préliminaire faite au lendemain de la tenue des ces législatives. Demain, Ignacio Sanchez Salafranca rendra public lui-même le rapport final de la mission des observateurs de l’UE sur les législatives organisées le 10 mai 2012 en Algérie, au cours d’une conférence de presse. Il n’y aura donc pas de surprise quant aux «constats» faits et annotés lors de la déclaration préliminaire de Ignacio Sanchez Salafranca, sitôt bouclées les législatives. La mission d’observation électorale de l’UE a réalisé un suivi de toutes les étapes du processus électoral du 10 mai et a été présente dans les 48 wilayas du pays avec 150 observateurs issus de l’UE, de la Norvège et de la Suisse. Le rapport «reprend l’ensemble des observations relevées et analysées par les experts de la mission», est-il indiqué dans le communiqué, de la mission d’observation électorale de l’UE qui note que «le document est assorti de recommandations qui portent sur chacune des étapes du processus électoral relatives aux normes internationales applicables aux élections démocratiques». Ces recommandations sont proposées dans la perspective des consultations électorales à venir, notamment les élections municipales d’octobre 2012 et l’élection présidentielle de 2014, précise encore la mission d’observation électorale de l’UE. Il est à rappeler que Ignacio Sanchez Salafranca avait qualifié en mai dernier les législatives d’un «pas en avant dans la consolidation du processus démocratique» en Algérie de par la «transparence» du scrutin et son déroulement «pacifique et ordonné». Dans une déclaration préliminaire, il avait souligné que
«la mission salue un scrutin ordonné qui s’est déroulé dans le calme et dans la transparence depuis l’ouverture jusqu’au dépouillement (…), un scrutin qui marque un pas dans la consolidation de la démocratie et les droits de l’homme en Algérie». Des eurodéputés au Parlement européen (PE) s’étaient également félicités à Bruxelles du « bon » déroulement des élections législatives du 10 mai, y voyant un « message positif » pour les pays de la région. Quelque 500 observateurs internationaux, dont 120 de l’UE, 200 de l’Union africaine (UA) et 132 de la Ligue arabe, avaient suivi le déroulement de ces élections législatives. La Ligue arabe, dont la mission avait suivi le processus des élections législatives, avait elle aussi souligné que «le scrutin était transparent, crédible et libre, marqué par un climat de compétition et une bonne organisation. Aucun dépassement susceptible d’affecter l’opération électorale n’a été enregistré», pouvait-on lire dans le communiqué de la Ligue arabe sanctionnant le déroulement de rendez-vous électoral.Toutefois, la mission de la Ligue arabe a relevé certaines lacunes qui n’ont, cependant, pas eu de conséquences sur le déroulement et les résultats du scrutin. «Ces lacunes portent sur la lenteur de l’opération électorale, le manque de moyens logistiques, l’inexpérience de certains encadreurs et le manque de conscience chez certains électeurs», indique l’organisation panarabe. La Ligue arabe a estimé que l’on pourrait parer ces lacunes dans l’avenir à travers notamment des campagnes de sensibilisation aux procédures de vote à l’adresse des citoyens et la sélection d’encadreurs qualifiés et aptes à superviser l’opération électorale. C’est un tout autre son de cloche que l’on entend du côté de de la Commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives(CNISEL). Dans un rapport accablant, la commission présidée par Mohamed Seddiki, estime que « l’élection législative du 10 mai 2012 a perdu sa crédibilité au vu des transgressions et des dépassements enregistrés durant toutes les étapes qui ont accompagné l’organisation du scrutin ». Le document, remis le 31 mai dernier au président de la République, revient en détail sur le déroulement du scrutin, à compter de la convocation du corps électoral par le président de la République jusqu’à la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel. Il relève dans son préambule «le fossé entre le discours officiel garantissant la neutralité du scrutin et les pratiques traditionnelles qui consistent à manipuler les voix des électeurs». Des pratiques qui ont pris le dessus une fois de plus le 10 mai 2012, observe la Cnisel. Un scrutin, deux rapports contradictoires qui circulent. Deux visions aussi que l’on sa fait de part et d’autre de la «régularité» et de la «transparence » du vote. La satisfaction des observateurs étrangers invités et des critiques accablantes des observateurs nationaux qui n’aident pas les citoyens à se faire une idée plus juste sur ces joutes électorales.
Par : Sadek Belhocine