Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) pourrait faire l’impasse sur les prochaines élections législatives. Dans un communiqué rendu public hier, le parti estime que la participation au scrutin dans les conditions qui prévalent en matière de préparation et de surveillance équivaut à se rendre complice d’un système qui a renié et trahi les sacrifices et les espoirs du peuple algérien.
Le parti de Saïd Sadi, qui n’a pas affiché jusque-là un enthousiasme à être de la prochaine compétition électorale, tant est qu’il jugeait absents les gages d’équité et de transparence, se dit convaincu qu’«à moins d’être reportées à une date ultérieure, les législatives de 2012 n’échapperont pas à la traditionnelle répartition des quotas décidée par les officines, politique qui est la base de la régression nationale ».
Sa conclusion, le RCD l’assoit sur une série d’éléments tangibles, comme les lois votées dernièrement par le Parlement et la surveillance internationale telle que comprise par les autorités algériennes. «Plus généralement, les dernières lois, votées par le Parlement, concourent toutes à renforcer la centralisation, l’opacité et la censure. On ne peut pas interdire à une association algérienne de coopérer avec ses homologues étrangères et prétendre construire un climat politique favorisant un scrutin transparent», écrit le RCD dans son communiqué et qui, en toute logique, donc, chute sur une menace de rester, dans ces conditions, hors course électorale. «Pour ce qui le concerne, le RCD a toujours été clair : il ne peut y avoir d’élections crédibles si les conditions sérieuses d’une surveillance internationale, tant au plan de la préparation que de l’observation, ne sont pas réunies. Participer au détournement de la volonté populaire au moment où les contestations rappellent quotidiennement, dans le pays et la région, l’impératif de faire du citoyen l’acteur et l’arbitre de la vie publique reviendrait à se rendre complice d’un système qui a renié et trahi les sacrifices et les espoirs du peuple algérien.» Le RCD s’est rendu à cette conviction après que sa demande de surveillance internationale de qualité et massive est demeurée lettre morte. En effet, le ministre des Affaires étrangères a eu beau s’épancher longuement sur la surveillance internationale des prochaines élections législatives, il aura en définitive manqué de faire revenir le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de son appréhension d’une fraude électorale annoncée.
Tirant les enseignements de l’observation européenne de l’élection présidentielle d’avril 2004, le Rassemblement pour la culture et la démocratie conclut, dans un communiqué rendu public hier, que, telle qu’elle se présente, la surveillance sollicitée par les autorités algériennes auprès de l’Union européenne manquera aux standards internationaux. L’annonce tout récemment par le ministre de l’Intérieur de la tenue des élections législatives à la mi-mai 2012, note le parti, est en porte-à-faux avec les standards internationaux, lesquels supposent, précise-t-il, une phase de préparation et une phase d’observation. «Pour l’instant, le pouvoir a d’ores et déjà ignoré les phases de la préparation où se joue l’essentiel d’une élection. En effet, le fichier électoral où une même personne est inscrite trois, quatre, voire dix fois est toujours en vigueur, un stock de près de 3 millions de voix est prêt à être distribué entre les quotas retenus. La concentration des bureaux et la gestion des centres de vote dépendront, cette fois encore, du seul bon vouloir de l’administration», dénonce le RCD, après avoir rappelé qu’«en 2004, l’Union européenne, dépêchant une poignée d’observateurs, a été instrumentalisée par Alger pour légitimer, sur la scène internationale, la fraude dans une élection présidentielle où la participation n’a pas dépassé les 15%. Suite à cette manipulation et grâce aux protestations des démocrates algériens et au sursaut moral et politique de certains députés européens, Bruxelles (Parlement et Commission) avait décidé de ne plus s’impliquer dans les processus électoraux algériens». Le RCD, en guise d’illustration, donne à méditer l’exemple tunisien où c’était l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) et non le ministère de l’Intérieur qui était chargée, entre autres, de revoir le fichier électoral.
S. A. I.