«Tant que M. Bouteflika est Président, nous serons dans l’alliance. Et le FLN, pour diverses raisons, sera lui aussi toujours un allié», a déclaré Ouyahia, refusant toutefois de livrer un quelconque pronostic sur le prochain scrutin.
Les partis politiques que les intérêts divisent sont appelés, selon M. Ouyahia, à converger sur deux points importants lors des prochaines élections législatives. «Réussir le scrutin avec une participation importante et se montrer fair-play en acceptant un gagnant», a résumé hier M. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique, lors d’une conférence de presse animée au siège de son parti à Alger. Pour lui, «l’horizon est serein», et «la bataille ne peut être gagnée que sur le terrain».
Chaque formation, soutient-il, «peut critiquer l’autre, pas avec des insultes qui n’intéressent pas l’électeur, mais un programme». L’enjeu des législatives est tellement immense qu’il peut changer la cartographie politique du pays. Outre le résultat final du scrutin, il sera question des nouvelles formations qui seront agréées et pourront ainsi prendre part aux législatives. Et si les islamistes allaient rafler le meilleur score ? Loin d’être inquiété outre mesure, le SG du RND indique que «c’est le peuple qui choisira». Les «invités surprise» des prochaines joutes électorales «sont les bienvenus, mais chacun doit avoir les normes requises». Pas d’exclusion ni de favoritisme pour M. Ouyahia. Pense-t-on obtenir un score meilleur que celui des législatives de 2007 ? Affirmatif, le conférencier dit : «Si l’on n’a pas cette ambition, on ne sera pas dans les listes pour jouer les trouble-fêtes.» Bien que confiant, M. Ouyahia se refuse cependant à tout pronostic.
Il fait plutôt savoir que la partie n’est pas simple. Parlant des autres formations politiques, l’orateur s’est attardé sur les partis partisans de la «Constituante». Le SG du RND considère que “ladite Constituante peut même changer le nom de la République algérienne démocratique et populaire.”
Le MSP s’est opposé à toutes les lois sur les réformes
Interrogé sur l’Alliance présidentielle qui se compose désormais du FLN et du RND, après le retrait du MSP, l’orateur a souligné que cette démarche n’a pas été conçue en diluant le programme des trois partis, mais c’était dans l’esprit d’accompagner et de concrétiser celui du Président de la République. Si l’objectif était clair, les sorties de M. Bouguerra Soltani n’en étaient autant, car “le MSP s’est opposé sur les six lois relatives aux réformes”.
Selon lui, le retrait du parti islamiste ne constitue, en aucun cas, un danger pour l’avenir de l’alliance présidentielle. «Tant que M. Bouteflika est Président, nous serons dans l’Alliance. Et le FLN, pour diverses raisons, sera, lui aussi toujours un allié», a mis en relief l’orateur. Sur l’élection présidentielle de 2014, M. Ouyahia a eu la même réponse à toutes les questions des journalistes : «Il est prématuré d’en parler.» Le Président Abdelaziz Bouteflika se représentera-t-il ? La même réponse émane de M. Ouyahia. Seulement, il apporte un détail : «Il reste deux ans de ce qu’a lui accordé le peuple.» Quant à sa fin de mission en tant que Premier ministre, M. Ouyahia a clamé : «Il y a une seule personne souveraine pour décider de mon maintien ou non, c’est bien entendu celle du Chef de l’Etat.»
Fouad Irnatene
M. Ouyahia regrette l’absence du sens de l’Etat chez certains médias
M. Ahmed Ouyahia a regretté l’absence du sens de l’Etat chez certains médias, estimant que le contenu d’une information publiée récemment par un titre de la presse nationale sur une présumée réunion des hautes autorités de l’Etat reflète une « indigence terrible ». « Mon désastre personnel est que dans mon pays, il n’y a plus de sens de l’Etat. Nous sommes arrivés à un stade d’indigence terrible », a déclaré M. Ouyahia. Interrogé sur la teneur d’une réunion qu’aurait tenu le Président de la République avec de hauts responsables de l’Etat, et ayant fait l’objet d’un article de presse, il a exprimé ses regrets de voir certains s’étonner de constater que les autorités de l’Etat se réunissent. Il a ajouté qu’il n’avait pas à divulguer la teneur d’une telle réunion, sans pour autant la confirmer, expliquant que cela faisait partie de « culture de l’Etat ». Il a cité, à ce titre, le cas d’Alain Peyrefitte, ancien ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de Charles de Gaulle, qui a été, a-t-il dit, le seul autorisé à prendre des notes lors des Conseils des ministres. Il s’agit, a-t-il dit, d’une « tradition républicaine », estimant « grave » de l’interroger sur la teneur d’une réunion entre les autorités de l’Etat. « Le jour où l’Etat prendra des décisions qui sont du domaine public, elles seront rendues publiques dans une forme ou dans une autre », a-t-il dit.
“La Turquie doit cesser de faire de la colonisation de l’Algérie un fonds de commerce”
Abordant le volet international, le SG du RND s’est opposé hier à l’attitude de la Turquie qui utilise la colonisation française en Algérie à des fins politiques. «Nous disons à nos amis (turcs, ndlr) de cesser de faire de la colonisation de l’Algérie un fonds de commerce», a-t-il dit. Se voulant plus clair, M. Ouyahia, répondant à une question sur les déclarations d’officiels turcs sur les crimes commis par la France durant la colonisation de l’Algérie, ajoute : «Personne n’a le droit de faire du sang des Algériens un fonds de commerce !» En guise d’arguments, l’orateur ajoute : «La Turquie qui était membre de l’OTAN pendant la guerre d’Algérie, et qui l’est encore, a participé, par sa qualité de membre de cette Alliance, à fournir des moyens militaires à la France, dans sa guerre en Algérie, au moins par l’achat d’une bombe larguée en Algérie ou d’une balle tirée contre des Algériens.» Quant à la demande d’une loi criminalisant la colonisation française en Algérie, M. Ouyahia estime que cette démarche est «aujourd’hui une carte politique, pas plus.» Le secrétaire général du RND souligne en outre qu’une telle demande peut être assimilée à un désaveu des dirigeants algériens depuis 1962, «pour la simple raison qu’ils n’ont pas élaboré une loi sur la criminalisation de la colonisation en Algérie».
L’orateur se dit enfin convaincu que défendre la Révolution algérienne passe, inéluctablement, par l’édification d’une Algérie forte, citant l’exemple de la Chine.
F. I.