Le Front des Forces Socialistes restera certainement le grand perdant de cette consultation électorale. En acceptant d’y participer Aït Ahmed a bel et bien été piégé.
En le convainquant, Bouteflika a réussi doublement son coup, celui de donner plus de crédit à ses élections et celui d’affaiblir le plus vieux parti d’opposition. Da L’Hocine était-il naïf tant que ça, de croire que la Kabylie allait le suivre et se rendrait massivement aux urnes juste parce qu’il est partie prenante ? N’aurait-il pas du écouter ceux du parti, qui se sont écartés de sa ligne de conduite ? Certes il a obtenu la majorité des sièges à Tizi Ouzou et Béjaïa, mais avec des taux de participation officiels de 19, 84 et 21,11 de quelle représentativité peut-il se faire valoir ? Le FFS ne pouvait pas concourir loyalement avec le FLN et les baathistes pour la simple raison que ceux-ci ont l’avantage d’être dans tous les rouages de l’Etat. Et la fraude, ils connaissent, c’est leur dada, sans compter que les voix des militaires lui sont comptabilisés majoritairement (le reste pour le RND).
Ce n’est pas étonnant donc que la « victoire » soit encore revenue à ce parti. La déclaration du premier secrétaire Ali Laskri pour rendre hommage à « tous les citoyens et électeurs qui ont tenu à s’exprimer politiquement et pacifiquement, malgré, dit-il, l’entreprise de démobilisation, de démoralisation et de dépolitisation menée par des forces hostiles à l’expression et à l’organisation citoyenne, populaire et pacifique » est un aveu d’échec.
Le Mouvement Populaire Algérien (MPA) l’autre parti kabyle d’Amara Benyounes, n’a pas réussi de son côté à mobiliser, même en brandissant la menace islamiste. S’il a échoué ce n’est point parce que c’est un nouveau parti dans le paysage politique kabyle et algérien. Les Kabyles n’ont que ce moyen d’exprimer leur rejet du pouvoir algérien qui les a toujours reniés. Pour eux aller voter reviendrait à le cautionner, alors qu’ils ne lui ont jamais pardonné les crimes commis dans la région. Et tout comme Aït Ahmed, Benyounes a fait preuve d’une grande naïveté, et cela commence mal pour un parti qui ambitionne de supplanter le FFS et le RCD au moins dans la région.
Les Islamistes qui représentent moins de 15% dans l’ensemble, alors qu’ils se voyaient déjà au pouvoir, ont exprimé leur colère et ne comptent pas se taire. La récréation est finie, le pouvoir a réussi son tour de passe-passe. Avec un taux de participation qui ne dépasserait pas les 20% multipliés par deux, on prend les mêmes et on continue.
Voici les résultats annoncés avec beaucoup de retard, à cause certainement des tractations autour des quotas qui n’ont pas été respectés :
Front de Libération Nationale (FLN) : 220
Rassemblement National Démocratique (RND) : 68
Alliance Algérie Verte (islamistes) : 48
Front des Forces Socialistes (FFS) : 21
Parti des Travailleurs (PT) : 21
Indépendants : 19
Le Front Natianal Algérien (FNA ) a obtenu 9, ADALA ( justice) 7, le Mouvement Populaire Algérien (MPA) 6, El Fedjr 5, Le FC 4, le PNSD 4, le RA 4, NFJS 3, AHD54 3.