La société dans sa majorité reste conservatrice
Jusqu’à jeudi dernier, 11 listes sur 53 dossiers retirés auprès de la Drag, ont officiellement confirmé les candidatures au niveau de la wilaya de Bouira.
Deux listes sont indépendantes et ont satisfait à l’obligation de récolter les 3600 parrainages. Il s’agit des listes conduites par la députée sortante Saoudi et du candidat Yahiaoui Ahmed. Même si d’autres listes comme celle menée par Rahal Abderahmane lequel déposera incessamment son dossier, d’autres candidats indépendants trouvent des difficultés à ramasser les signatures. Des sources font état de fiches de parrainage achetées par certains candidats.
Du côté des partis, l’argent a investi la scène puisque la place de tête de liste auprès de certaines formations se marchande à coups de millions de centimes.
La participation à ce vote occupe aussi les discussions. Les gens sont partagés entre ceux qui voteront par conviction et ceux qui rejettent l’idée en argumentant cette position en se référant au passé où les députés n’ont pas joué le rôle qui était le leur. «C’est une course vers la richesse et une promotion sociale et rien d’autre», pense un citoyen.
Le secret, qui entoure l’élaboration des listes des partis comme le FLN, le FFS ou le RND bien ancrés localement au sein de la société, «confirme» ces appréhensions. Au sein de la base de ces partis et hormis le FSS où la discipline partisane est une constante, c’est l’ébullition puisque personne ne peut avancer le nom des têtes de listes pour les deux formations de l’Alliance présidentielle.
L’autre grand thème de l’heure reste la loi portant représentativité des femmes parmi les candidats à la députation sème le doute et suscite débat parmi les états-majors à Bouira. Incomprise par la majorité, cette loi fait débat. Pour la liste indépendante El Moustakbal, conduite par M.Yahiaoui Ahmed, la première femme candidate figure à la 3e place. Si la liste venait à acquérir deux sièges, le candidat Abbès Amar et ses collaborateurs se demandent si après la tête de liste, admis de facto, la candidate prendrait le second siège ou c’est le candidat classé à la seconde place qui deviendrait député.
Le même questionnement nous est parvenu du candidat M.Laribi Mohamed, de la liste du Parti pour la nature. Les réponses sont diverses.
Pour certains juristes approchés, les 30% exigés n’entrent en compte qu’en cas d’obtention de 3 sièges sur 9 pour la wilaya de Bouira. C’est-à-dire qu’une liste qui obtient 3 sièges doit en attribuer un à une candidate quel que soit son classement sur la liste. Pour un autre juriste, la loi reste ambiguë et laisse place à des interprétations. Si une liste gagne une place, la femme peut prétendre à ce siège. Cette interprétation demeure, au passage, aberrante. Le citoyen vote pour le candidat placé en tête même s’il s’agit d’une liste présentée sous l’égide d’un parti.
Comment accepter de prendre à sa place une dame qui, peut-être, n’est même pas connue? s’interroge un candidat.
La société dans sa majorité reste conservatrice et il n’est un secret pour personne que dans certaines régions du pays et particulièrement à Bouira, la femme n’a pas encore la place qu’elle mérite au sein de la société.
L’application de l’autre possibilité c’est-à-dire une place obligatoire en cas d’obtention d’au moins trois sièges, justifie une volonté des listes à écarter indirectement la gent féminine en classant les candidates au troisième rang à l’exception de celle conduite par une femme, Mme Saoudi, la députée sortante.
Cette manière de faire est peut-être la raison qui a amené le RND, le FLN, deux partis ayant pignon sur rue à réserver la dernière place du podium à des femmes.