Après une entrée sur la pointe des pieds dans le mouvement de contestation qui a signé la fin de la dynastie Moubarak, les islamistes sont en passe d’être officiellement proclamés grands vainqueurs du premier cycle électoral en Égypte. Mais, la perspective de leur arrivée au pouvoir suscite de sérieuses inquiétudes.
Le mouvement politique des Frères musulmans, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) et le parti salafiste Al Nour ont le vent en poupe.
Ils devront faire une véritable razzia lors de cette première phase des élections. Les tendances déjà révélées par la presse locale les donnent comme vainqueurs, avec respectivement 40 et 20% des votes. Mais réussiront-ils à réformer le grand corps malade qu’est l’Égypte ? La tâche est immense, le pays est à reconstruire. Mais, là encore, l’on se demande sur quelles bases ? L’Égypte deviendra-t-elle un État islamiste ?
Après le tout interdit sous l’ère de Moubarek, les égyptiens irontils vers le tout péché avec le règne des fondamentalistes ? Les inquiétudes sont grandes et les populations qui se disent libérales, à l’instar de la communauté laïque et chrétienne, songent d’ores et déjà à quitter le pays afin de fuir le futur joug de ceux qui ont pris en marche le train lancé par la jeunesse.

Car si le PLJ et Al Nour obtiennent les résultats qu’ils espèrent, ils pourront former une solide majorité au parlement et gouverner, de surcroit, le pays de manière autoritaire, sous couvert religieux. Ils briseront alors le rêve de démocratie auquel se sont tenus des millions de citoyens lors du soulèvement populaire contre le régime de Moubarak. Toutefois ces islamistes ne sont pas restés de marbre, ils s’efforcent à apaiser les craintes.
«Le vainqueur de ces élections, quelle que soit son obédience politique, doit savoir que le peuple lui a confié une lourde charge dans une période critique et qu’il ne lui pardonnera pas en cas d’échec», a déclaré le numéro deux des Frères musulmans, Khairat al-Chater, cité par le site du PLJ. «Les vainqueurs, individus et listes, doivent aussi réaliser qu’un parti ou quelques partis seuls ne pourront pas redresser le pays et qu’il n’y a pas d’alternative à un consensus national basé sur les intérêts de l’Égypte», a-t-il ajouté.
Le porte-parole d’Al-Nour, Mohamed Nour, a quant à lui lancé un message d’apaisement aux Coptes, qui sont plus de 8 millions sur les 80 millions d’habitants en Égypte. «Toucher un cheveu de la tête d’un Copte est contraire à notre programme», a-t-il déclaré à l’AFP.
Le succès des partis islamistes réside dans l`organisation même de ces formations qui ont une assise réellement populaire. Leurs bases électorales sont les couches défavorisées des grandes agglomérations. Ils se sont constitués en puissants centres sociaux.
Ils répondent à chaque fois que l`occasion se présente, aux besoins des populations pendant les moments difficiles. Donc, il n`est pas étonnant, que ces partis en tirent aujourd`hui les dividendes politiques de leurs nombreuses actions sociales. Mais au-delà de la nature du régime qui va être instauré à l’aune de la vague déferlante des islamistes, l’économie sera le premier défi qu’ils devront relever une fois au pouvoir.
Hamid M