Le premier scrutin organisé en Algérie depuis le Printemps arabe est une fierté pour l’Algérie officielle, avec une participation aux législatives de 42,9%, plus qu’en 2007, qui pourrait confirmer une forte avancée islamiste.
Les résultats officiels devaient être annoncés à 14H30 GMT, selon le ministère de l’Intérieur, et indiquer si la mouvance islamiste qui l’a emporté en Tunisie, en Egypte et au Maroc, a touché l’Algérie.
Il semble toutefois que le Front de Libération nationale (FLN, présidentiel) resterait le premier parti, à en croire le président du Conseil consultatif du Mouvement pour la Société et la Paix (MSP), Abderrahmane Saïdi.
Selon lui, l’Alliance de l’Algérie Verte (AAV), qui regroupe trois formations dont le MSP, pourrait être second « derrière le FLN ».
« Les estimations que j’avais jusqu’à cinq heures (04H00 GMT) du matin donnaient le FLN en tête et l’Alliance verte en second » à l’échelon national, a-t-il déclaré à l’AFP.
Il n’a pu donner de chiffres que pour Alger, la plus importante wilaya (préfecture) avec 13 sièges pour l’AAV sur 37.
En revanche, en Kabylie traditionnellement contestataire, les islamistes très présents dans les maquis d’où ils lancent des attaques meurtrières contre les forces de l’ordre, semblent éliminés.
Dans la wilaya de Tizi Ouzou, le Front des Forces Socialistes (FFS) est revenu en force après avoir boycotté la scène électorale durant dix ans. Le plus vieux parti d’opposition du leader historique kabyle Hocine Aït Ahmed a remporté sept des 15 sièges en jeu devant le FLN, selon un décompte définitif.
Il a même fait un tabac dans la Petite Kabylie, dans le département de Bejaïa avec huit sièges sur 12, trois allant au FLN.
Mais la Kabylie a enregistré le plus faible taux de participation à moins de 20% des 21,6 millions d’électeurs appelés à élire 462 députés dans la foulée des réformes lancées par le président Abdelaziz Bouteflika pour parer à un « Printemps arabe », après plus d’une année d’émeutes et de mouvements sociaux.
Bien implanté en Kabylie, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD, 19 députés sortants) avait prôné le boycottage du scrutin.
Une fierté même s’il y a 57,1% d’absentions La presse officielle ne cachait pas vendredi sa joie au vu du taux général de 42,9%, supérieur à celui du dernier scrutin (35,67%).
Pour El-Moudjahid (gouvernemental) il n’y a qu’ »un seul vainqueur, en ce jour du printemps d’Algérie, c’est bien le peuple », dit-il en référence au « Printemps arabe » qui a balayé l’an dernier nombre de régimes en place depuis des décennie.
Un peuple qui « a su répondre à l’appel de la patrie » et le taux de participation « est significatif de l’amour que témoigne l’Algérien à son pays », ajoute le quotidien national francophone.
La majorité des journaux ne paraissent normalement pas en ce jour férié mais comme El-Moudjahid plusieurs publications pro-gouvernement ont sorti des éditions spéciales, comme Ennahar (arabophone), Le Temps (proche du pouvoir) et Horizons.
Seule voix discordante dans ce concert de satisfactions, El-Watan Week-end titre sur les 57,1% d’abstention. Le journal met en exergue « des dépassements et violences » durant le scrutin et de possibles poursuites contre deux ministres-candidats -ceux du Travail Tayeb Louh et de l’Environnement Chérif Rahmani- pour avoir fait campagne jeudi devant les bureaux de vote de leur circonscription.
Le ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia avait souligné, en annonçant les résultats jeudi soir, que les problèmes « constatés ici et là (…) ne peuvent avoir en aucun cas d’incidence sur la crédibilité des élections ».
L’Union européenne, qui a envoyé 150 observateurs dans le pays, a évoqué jeudi soir des conditions « généralement satisfaisantes sauf de petits incidents très limités ».
Il semble enfin que les tout nouveaux partis -21 sur 44 en lice- aient fait un flop. En Kabylie, le Mouvement populaire algérien (MPA), tout juste créé par l’ancien ministre des Travaux publics et dissident du RCD Amara Benyounès, n’a obtenu aucun siège à Tizi Ouzou.