Election présidentielle, Quelle place pour les islamistes ?

Election présidentielle, Quelle place pour les islamistes ?

A moins de cinq mois du rendez-vous de l’élection présidentielle qui se tiendra à échéance, comme annoncé par le premier ministre, les partis islamistes algériens, d’ordinaire assez actifs, semblent peiner à trouver leur marque.

Si à l’évidence, l’absence de visibilité politique les confine à la prudence, tout se passe comme s’ils ont du mal à adopter une position unifiée face à ce rendez-vous qui apparait pourtant capital, pour eux, dans le contexte actuel. A l’origine de ce cafouillage : guerre de leadership et quelques soucis idéologiques. Bien plus que leurs homologues dans les autres pays arabes, les partis islamistes algériens ont du mal à trouver la mesure face aux bouleversements régionaux et aux enjeux géostratégiques.

Faut-il maintenir le discours islamiste original au risque d’être confronté à des situations de rejet, parfois même de violence, comme c’est le cas actuellement en Egypte et en Tunisie ou se fondre dans un jeu politique qui leur est défavorable, avec de surcroit les risques de reniement ? Signe de cette position inconfortable : les appels du pied pour un ajournement de la révision de la Constitution dont les islamistes redoutent qu’elle ne desserve leur vision stratégique. Mais bien plus, les égos des chefs islamistes demeurent le principal handicap à la mouvance islamiste pour constituer une alternative.

Après avoir fait dans l’entrisme, le MSP a décidé de passer à l’opposition à la faveur de la désignation à sa tête d’une nouvelle figure en la personne d’Abderazak Makri. Cette décision est accompagnée, pour ce parti qui se considère comme le plus représentatif, d’une tentative de fédérer la mouvance islamiste. En témoigne, la rencontre organisée en juillet dernier en hommage au défunt Nahnah et où plusieurs partis islamistes étrangers étaient invités.

Le coup était double pour le MSP : apparaître comme un parti mobilisateur et donner une envergure internationale à son leader. Hostile à tout rapprochement avec le pouvoir d’autant qu’il a été dépossédé de deux partis qu’il a créé, Abdallah Djaballah, président du FJD, se voit comme l’homme le plus indiqué pour postuler à la magistrature suprême. Il préfère comme toujours faire cavalier seul. Produit d’une scission du MSP, le parti TAJ a choisi lui de se ranger du côté du président Bouteflika, tournant le dos à la mouvance islamiste.

A cela, il faut ajouter le FAN et d’autres nouveaux partis à tendance islamiste mais qui sont encore à chercher à asseoir leur présence. Face à cette situation que parasite aussi un parti salafiste, non encore agrée, il est pour le moins difficile de parier sur une candidature unique des islamistes, encore moins sur leur capacité à changer les rapports de force en présence. C’est pourquoi l’appel de l’ex Ministre, Abdelmadjid Menasra, dont le parti, le front pour le changement (FC) est issu également d’une scission du MSP apparaît comme un vœu pieu. Un prêche, dans le désert, en somme…

Sofiane Tiksilt