Beaucoup ne lui prête guère d’ambition, mais au regard de son rôle aujourd’hui sur l’échiquier politique, ses décisions et ses déclarations, Abdelmalek Sellal s’impose désormais comme un acteur de premier plan en perspective de la prochaine échéance électorale.
Non pas peut être en tant que candidat, l’homme n’ayant jamais été interrogé sur la question, mais comme un soutien de taille pour celui ou celle qu’il aurait adoubé. Et pour l’heure, son candidat préféré reste bien entendu le président de la République.
«La plus éclatante des réalisations du président Bouteflika depuis son accession au pouvoir a été, sans conteste, l’instauration de la paix en Algérie et la réconciliation des Algériens (…) Le président Bouteflika a non seulement œuvré à l’instauration de la paix et de la stabilité, mais il a également réussi à réconcilier le peuple algérien », a encore répété ce jeudi à Tlemcen, Abdelmalek Sellal. «Nous continuerons à apporter notre soutien au président de la République, comme nous l’avions fait par le passé », a-t-il ajouté.
Depuis pratiquement l’affaire de l’attaque spectaculaire du site gazier de Tiguentourine en janvier dernier et durant toute l’absence du président pour cause de maladie, Abdelmalek Sellal assure la fonction d’un vice-président sans le titre. Il sillonne le pays en long et en large, procède à des inaugurations, lance des chantiers, distribue des enveloppes et se prononce sur des questions qui d’ordinaire relèvent des seules prérogatives du chef de l’Etat, comme les questions de politique étrangère ou de défense.
Même à l’international, il remplit des missions qui sont dévolues au président, comme sa récente participation à Paris au forum sur la sécurité en Afrique ou encore au sommet de l’UA à Addis-Abeba ou encore à la réunion des 5+5 à Malte. C’est dire que le premier ministre qu’il est, un poste pourtant destiné à coordonner simplement l’action de l’exécutif, a gagné des galons qui font de lui, aux yeux de certains observateurs, un candidat en puissance pour la magistrature suprême. D’autres le prédestinent plutôt à un poste de vice-président dans la révision constitutionnelle projetée. Mais lui n’a jamais, à ce jour, évoqué cette perspective, encore moins affiché cette ambition. D’autant que l’homme semble trainer une réputation de technocrate, à telle enseigne que même le secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, le qualifie de « mauvais joueur en politique ».
Mais en s’attaquant à Mouloud Hamrouche depuis Ain-Temouchent, de surcroit dans un discours écrit et remis à la presse, Sellal révèle, d’une certaine façon, qu’il est impliqué dans la compétition électorale. «Le laxisme du gouvernement de l’époque vis-à-vis de ceux qui ont voulu porter atteinte aux constantes et aux fondements nationaux a failli mettre en péril le pays. Aujourd’hui encore, le gouvernement regrette ce comportement qui avait plongé le pays dans une spirale de sang et de violence ». Reste à percer le secret, en l’absence de visibilité politique, le rôle ou la destinée réservée à Abdelmalek Sellal.
Sofiane Tiksilt