Dans un forum organisé aujourd’hui au siège du Front du Changement sur le thème « Les élections présidentielles 2014, entre le militaire et le politicien », les intervenants ont plaidé pour la séparation de l’institution militaire des affaires politiques.
Le docteur en sciences politiques et colonel à la retraite, Ahmed Adimi, a indiqué que « si Bouteflika se présentera aux élections, il sera reconduit pour la quatrième fois, vu que l’administration s’alignera avec lui ». Cependant, «si le clan présidentiel présentera une autre personne, il aura beaucoup de difficultés à la faire passer», a-t-il ajouté avant de lier l’intervention de l’armée dans la vie politique avec la faiblesse des formations politiques à travers laquelle des tentatives de déstabilisation du pays ont été enregistrées.
Pour être plus explicite, le conférencier revient sur l’histoire de l’ANP dans la gouvernance du pays. Adimi précise que l’armée nationale a toujours pris part aux décisions politiques depuis la guerre de révolution jusqu’à l’avènement du multipartisme. Toutefois, « le terrorisme qu’a connu le pays, a obligé l’institution militaire à reprendre les commandes».
Le docteur explique qu’à partir du 1999, « l’Algérie était prête pour une autre étape». Mais ce n’est qu’en 2004 que l’Armée a pris distance du pouvoir politique, la preuve est que « la majorité des généraux sont de formation militaire et ne s’intéressent pas à la politique » a fait remarquer l’intervenant. Quant à l’implication de l’institution militaire aux prochaines élections présidentielles, Adimi a conclu que « maintenant, c’est le ministère de l’intérieur qui organise les élections et c’est aux organisateurs de prouver leurs capacités à respecter la loi en vigueur».
Une vision qui n’est pas partagée par le professeur en sciences politiques à l’université d’Alger, Ahmed Choukri, qui affirme que l’Algérie n’a jamais eu un président civil jusqu’à présent, « ceux qui ont gouverné l’Algérie ont tous une discipline militaire acquise lors de la révolution de 1954 ». Les raisons de l’affaiblissement de la classe politique et l’élite en Algérie trouvent leur origine dans « la nature du système qui les a toujours affaibli en refusant le jeu démocratique indispensable pour l’émergence d’une véritable élite ». Le pouvoir en Algérie « reste hésitant à ce propos », a ajouté Choukri qui se dit convaincu que « l’implication de l’armée dans le jeu politique en Algérie persistera même pour les dix ans à venir».
Pour le président du Front du Changement Abdelmadjid Menasra, le rôle des deux institutions politiques et militaires en Algérie est interdépendant. Cependant, l’intervention de l’armée dans la vie politique n’est pas acceptable car chacun à ses prérogatives. D’ailleurs, l’audience qu’a accordé le général des corps de l’armée, Ahmed Gaid Salah à la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, « est un geste qui confirme l’irresponsabilité de certains chefs politiques», déplore le président du FC qui a appelé, dans la foulée, à ce que les rôles des institutions soient précis à la faveur de la nouvelle constitution.
Khelifa Litamine