L’élection présidentielle en Tunisie de dimanche dernier a été, comme il fallait s’y attendre, suivie de près chez nous et a suscité de l’intérêt aussi bien chez le simple quidam que dans les chaumières politiques.
Et fait inédit, les forces politiques, qu’elles soient islamistes ou démocrates, du pouvoir ou dans l’opposition, ont, à une exception près, eu la même appréciation de l’événement en lui-même. La sérénité, la transparence et la maturité du peuple, de la classe politique et de la société civile tunisiens ont été relevées aussi bien par le RCD, le MPS, le FLN que Benflis et autres acteurs politiques nationaux. Mais là où ce beau monde diverge, c’est dans la lecture politique de ce scrutin historique à plus d’un titre puisque parachevant un long et douloureux processus de transition démocratique serein et pacifique.
Avec, bien entendu, le parallèle fait avec la situation du pays. Selon que l’on soit du pouvoir ou de l’opposition, l’on relève ou l’on tait les normes démocratiques dans la gestion des scrutins. Dont, à l’exemple tunisien, l’installation d’une instance nationale indépendante chargée de la gestion des élections et d’un observatoire national des élections. Deux normes de gestion électorale qui répondent aux standards internationaux et grâce auxquelles une transition pacifique est possible, comme vient de le montrer la Tunisie de façon admirable et sans équivoque.M. K.
Ali Benflis, fondateur du parti Avant-gardes des libertés : «Cette transition démocratique en Tunisie a été un modèle du genre»
«Au moment où la Tunisie sœur parachève le processus de sa transition démocratique par l’annonce des résultats des élections présidentielles, c’est avec un profond sentiment de plaisir et de fierté que j’adresse mes plus vives félicitations à Monsieur Beji Caïd Essebsi que le peuple tunisien vient d’investir de sa confiance de manière éclatante et auquel il a confié la noble mission d’engager ce pays frère sur la voie de son renouveau démocratique.
Je souhaite un plein succès à la Tunisie sœur sur cette voie qui est, je n’en ai aucun doute, celle de sa stabilité, de sa prospérité et de son développement économique et social.
La nouvelle ère démocratique qui s’ouvre en Tunisie est de bon augure pour la cause de la démocratie partout dans le Grand Maghreb arabe. Je saisis cette occasion heureuse et bénie pour saluer la contribution inestimable du Président Moncef Marzouki au succès de la transition démocratique en Tunisie.
L’Histoire retiendra qu’il y aura tenu un rôle déterminant par la sincérité de ses engagements et la force de ses convictions. Il y a dans ce succès de la transition démocratique en Tunisie sœur beaucoup de leçons à tirer pour notre pays. Cette transition a été un modèle du genre. Elle est un exemple à méditer et une source d’inspiration pour tous ceux qu’anime le devoir patriotique de conduire notre pays sur la voie du changement démocratique consensuel, ordonné, graduel et apaisé.»
Atmane Mazouz, Chargé de la communication au RCD : «La réussite tunisienne est une gifle aux autocrates algériens»
«La première leçon à tirer de l’exemple tunisien est qu’une alternative démocratique et pacifique est possible malgré un passé douloureux fait de déni de justice et de répression. A travers l’expérience de notre voisin de l’Est, l’espoir est permis pour que tous les peuples qui souffrent de leurs gouvernants illégitimes voient le changement s’instaurer. Pour nous, la réussite tunisienne est aussi une gifle aux autocrates algériens.
Le RCD salue le patriotisme et le triomphe tunisiens. Quatre ans après leur révolte, malgré des moments de recul et de doute, les Tunisiens, grâce à la maturité et à la responsabilité et l’engagement de leur classe politique et de la société civile, ont pu consacrer la souveraineté du peuple.
Cet exploit salué à travers la planète doit inspirer tous ceux qui continuent à régenter la vie de leurs peuples et à gouverner par la fraude électorale et l’affectation de quotas aux clientèles.
Le succès de la transition politique en Tunisie en un temps record vient aussi confirmer, qu’en Algérie, combien les hésitations et les manipulations ont fait perdre au Algériens beaucoup d’occasions pour l’instauration de la primauté de la légitimité populaire. Le RCD, qui ne cesse de travailler pour un large consensus à travers ses différentes offres politiques et son engagement au sein de la CLTD et de l’ICSO, est convaincu qu’un aboutissement à une transition pacifique est possible à la tunisienne pour peu que soient garanties les normes démocratiques dans la gestion des scrutins.
C’est d’ailleurs tout l’objectif qu’il s’est fixé à travers ses propositions d’installation d’une instance nationale indépendante chargée de la gestion des élections et d’un observatoire national des élections qui ont aujourd’hui le soutien de la majorité des acteurs politiques crédibles. Si la Tunisie a réussi, c’est en grande partie grâce à des normes de gestion électorale qui répondent aux standards internationaux.»
Soufiane Djilali, président de Jil Jadid : «Cette élection fait honneur à la Tunisie»
«Les résultats de cette élection présidentielle démontrent que cette dernière s’est déroulée dans les conditions de transparence et de loyauté qui font honneur à la Tunisie. L’Histoire retiendra que la Tunisie a été le premier pays arabe à commencer la construction d’un Etat de droit et démocratique avec sérieux.
Toutes nos félicitations pour nos frères tunisiens. Espérons que l’Algérie rejoindra bientôt la Tunisie dans sa quête de démocratie et de modernité. Il faut respecter le choix du peuple tunisien si celui-ci, pour des conditions historiques, sociologiques et politiques, a fait un choix qui ne serait pas le mien. Nous ne pourrions que le respecter.»
Zineddine Tebbal, chargé de la communication au MSP : «Il faut méditer cette expérience»
«La démocratie a triomphé en ce sens qu’il y a eu des élections où tous les partis, ceux qui y ont pris part et ceux qui leur ont tourné le dos, ont soutenu qu’elles étaient libres et transparentes et dan les règles et standards internationaux. Nous respectons le choix du peuple tunisien.
Ce que nous souhaitons, c’est que nous prenions cette leçon de démocratie et méditions cette expérience surtout que cette élection était organisée par une institution indépendante. Ce qui fut une réussite, selon tous les observateurs présents en Tunisie. Nous espérons que cet exemple sera suivi par d’autres pays arabes. Il reste au peuple tunisien et ses forces vives de faire preuve de vigilance pour préserver cet acquis de leur révolution.»
Noureddine Bahbouh, secrétaire général de l’UFDS : «Le peuple tunisien a fait preuve d’une grande maturité»
«Il faut féliciter le peuple tunisien et sa classe dirigeante qui ont fait preuve d’une grande maturité politique. Ils ont démontré que les peuples du Maghreb, pour peu que les pouvoirs centraux s’inscrivent dans une dynamique démocratique, peuvent choisir et légitimer leurs représentants et leurs pouvoirs. Ils viennent d’administrer une belle leçon de démocratie. Je souhaite que notre pouvoir s’inspire sérieusement de cette démarche pour mettre le pays sur les rails vers une démocratie véritable où toutes les institutions soient légitimes, seule issue à même de sortir le pays de la profonde crise dans laquelle il est.»
Saïd Bouhadja, chargé de la communication au FLN : «Des élections exemplaires»
«Nous pensons que ces élections présidentielles en Tunisie ont été exemplaires en tout point de vue. Il suffit de voir la reconnaissance de la défaite par le président en exercice Moncef Marzouki et l’aveu de transparence du scrutin par tout le monde. C’est une étape importante dans le long processus démocratique. Ce qui n’aurait pu être possible sans la maturité du peuple frère et de la classe politique tunisiens. Ce qui fait de la Tunisie la locomotive du monde arabe.»
Abdelaziz Bélaïd, président du Front el Moustaqbal : «Je suis pessimiste pour les Tunisiens»
«Deux lectures sont à faire, à mon sens, à propos de cette élection présidentielle en Tunisie. La première a trait au scrutin en lui-même, caractérisé, de l’aveu de tout le monde, par une transparence et un esprit démocratique remarquables.
Ceci dit, je suis quelque peu pessimiste pour les Tunisiens comme pour les Égyptiens et le reste des pays arabes du fait de l’absence d’une nouvelle génération de cadres.
J’ose espérer que c’est temporaire, car il y a le risque de voir l’ancienne vieille garde pérenniser sa mainmise à coups de compromis aussi bien à l’échelle locale qu’internationale.»
Propos recueillis par M. Kebci