De toutes les formations politiques activant sur la scène nationale, seule le Front des Forces Socialistes n’a pas encore pris position par rapport au scrutin de la présidentielle.
Sa position se fait attendre même si certains observateurs avancent déjà l’idée selon laquelle le FFS ne donnerait aucune consigne de vote. A présent le floue persiste. Il persistera encore jusqu’à vendredi, date retenue par le parti pour la tenue de la réunion de son Conseil national.
Après un long silence intriguant, le FFS a enfin décidé de trancher sur la question de la présidentielle, le 8 mars prochain, non sans maintenir le suspense au-delà de la date limite de dépôt de candidature, dont le délai a pris fin officiellement hier à minuit. Très attendu sur la question, le FFS a donc opté pour un boycott passif, même si au sein de ce parti l’on se refuse à faire des commentaires.
Une source très proche du Conseil national du parti nous a indiqué, hier, que ce dernier sera d’abord invité à répondre sur des questions liées à l’environnement caractérisant la scène politique nationale à l’occasion de cette élection. Une élection qui s’annonce, pour le FFS, comme inédite, en ce sens, explique notre source, que la confusion a prévalu sur la realpolitik.

Pour ce proche du Conseil national du FFS, il est aussi dramatique que des personnes annoncent leur candidature pour se retirer avant même d’aller se mesurer à l’épreuve de validation auprès du Conseil constitutionnel. «Le plus vieux parti de l’opposition s’est donc tu, durant toute cette période, en raison de la totale confusion qui a dominé la scène politique nationale, ces dernières semaines, et devant pareils cas, la moindre déclaration risquerait de le mettre dans le même panier que les novices », explique encore notre source. Celle-ci affirme que le parti juge la situation actuelle d’«anormale » et de «non propice» à tout positionnement qui serait déclaré subrepticement.
D’où l’impératif débat, lors de la réunion de ce vendredi, durant laquelle les membres du CN devront éclairer la situation avant d’aller vers n’importe quelle décision, dira encore notre source. «Au FFS, nous faisons notre, l’adage populaire qui dit que lorsque le ciel est plein de vautours, l’aigle doit prendre de la hauteur ». Pas si sûr que cela s’applique présentement au sein du parti qui, faut-il le dire, a hiberné politiquement sous l’emprise de l’indécision, voir du suspense entretenu par Mouloud Hamrouche. Maintenant que cet ancien chef du gouvernement a clarifié sa position en renonçant à se présenter comme candidat, le parti de Hocine Ait Ahmed «soufflera » enfin sa phrase. Il placera son mot face à une poignée de ceux qui auront réussi à passer l’écueil du 4 mars devant le Conseil constitutionnel.
Pour le FFS, il n’est pas normal, non plus, de parler ou de se positionner devant «une meute» d’une centaine de candidats à la candidature, alors que «la présidentielle devrait être un concours sérieux ne nécessitant pas tant de panaches ridicules». Si pour le FFS le panache est devenu ridicule, il est aussi convaincu que l’avenir du pays ne devrait pas se jouer de la sorte, étant donné que les libertés demeurent enchaînées. L’on doit s’attendre, par ailleurs, à ce que le Conseil national du parti sanctionne sa réunion de ce vendredi par une déclaration où il ne manquera pas de rappeler ses « positions de principe».
Il s’agit notamment de critiques contre «le verrouillage du champ politique», et le rappel de l’impérative «garantie d’un scrutin libre et intègre», dans lequel il ne prendra pas part, sans qu’il n’aille toutefois à dénigrer, à Bouteflika, sa candidature. «L’essentiel pour le FFS, ce n’est pas de savoir si Bouteflika sera capable de gouverner ou non, ni si une autre personne sera portée à la tête du pays, mais nous nous demandons si le prochain scrutin sera libre», n’a cessé de rappeler le premier secrétaire national du parti, Ahmed Batatache, lors de ses sorties publiques. Néanmoins, cette position, pas si claire en cette période de forts cafouillages joués par une multitude de voix, tranche si mal avec le deal tacite passé et entretenu lors des législatives de 2012.
Aki Karumoi