L’élection présidentielle d’avril prochain accapare l’essentiel des initiatives politiques, celles auxquelles s’est rendu le clan présidentiel comme celles relevant de l’apanage partisan. Parmi ces dernières, les propositions du RCD et du MSP sont de loin les plus significatives. Examen.
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui a déjà à son actif la proposition d’un projet de Constitution, a, dès vendredi, soumis à débat l’idée de la création d’une commission indépendante permanente qui sera chargée de l’organisation des élections ainsi que de l’observatoire national des élections.
Le RCD propose, en fait, d’éloigner l’administration, en l’espèce le ministère de l’Intérieur, de l’organisation des élections et de confier la mission à une entité indépendante, la Commission nationale chargée de la gestion des élections (CNCGE), laquelle aura un mandat permanent, sera dotée d’un budget propre et composée de personnalités neutres aux compétences et à la probité avérées. Parallèlement, le parti propose la mise en place, à titre temporaire, d’un Observatoire national des élections (ONE) qui supervisera chaque scrutin et rédigera un rapport. Le RCD estime que c’est à travers un tel mécanisme que les fraudes électorales, devenues systématiques, seront évitées. Les projets sont soumis à l’appréciation des partenaires politiques.
La chose est faisable, puisque, dans nombre de pays à travers le monde, c’est un tel système qui prévaut dans l’organisation des élections. Bien plus réalisable que la proposition du MSP qui, même si elle participe de ce souci de parvenir à une élection présidentielle transparente, pèche par une extrapolation quelque peu utopique.
En effet, dans sa charte pour la réforme politique, le parti islamiste se donne comme finalité l’engagement pour un candidat de consensus lors des prochaines élections présidentielles.
Un candidat, explique le MSP, qui, de son côté, s’engagera à respecter les principes républicains. Le MSP ne pose pas les principes pour une compétition libre et transparente mais expose un moyen qu’il juge plus à même d’accéder à la magistrature suprême, en l’occurrence faire bloc contre la candidature de Bouteflika ou de celle d’un autre qui se recruterait dans le système.
Une telle perspective, d’apparence généreuse, est aléatoire, tant est qu’il lui faut, pour se concrétiser, associer un large consensus parmi les partis politiques. Car le MSP explique que sa charte s’adresse à tous les partis, sans distinction d’obédience et d’ancrage sur l’échiquier politique. Sur un aspect au moins, le projet du MSP ne peut aboutir : le programme du candidat à l’élection présidentielle.
Un aspect que les conseillers de Mokri semblent avoir perdu de vue pour ne retenir que les attributs de l’homme qu’ils désirent voir tenir les rênes du pouvoir. Or, cela ne suffit pas, tant est qu’un prétendant à la magistrature suprême doit avoir un programme, une vision et des orientations claires.
Et en la matière, il ne peut qu’y avoir des divergences entre les partis politiques. C’est le propre même du multipartisme.
S. A. I.