Election locales du 29 Novembre 2012,L’heure de vérité

Election locales du 29 Novembre 2012,L’heure de vérité

Les élus à l’épreuve de la légitimité populaire

En plus de la crainte d’une forte abstention, les futurs élus auront à redorer le blason d’une mission issue de la légitimité populaire, qui n’a eu de cesse de se ternir au fil des scrutins.

C’est l’équation qu’auront à résoudre les membres des prochaines Assemblées communales. Pas une mince affaire. Tribalisme, clanisme, passation de marchés douteux, bureaucratie, absence de prise en charge des préoccupations des citoyens…Des clichés parfois avérés que traînent ceux qui ont eu ou auront à gérer les affaires de la cité.

Des centaines de maires ou de membres d’exécutifs communaux ont eu maille à partir avec la justice ou ont tout simplement connu la prison. Pour ne rien arranger, des candidats à l’élection du 29 novembre ont été mis sous les verrous pour proxénétisme et violence manifeste. Un candidat à la mairie de Guertoufa, dans la wilaya de Tiaret, a été écroué pour création de lieu de débauche et proxénétisme aggravé alors qu’un autre qui briguait un troisième mandat à l’APC de Ksar Chellala, a été emprisonné le 12 novembre pour conduite en état d’ivresse, coups et blessures volontaires.

Des cas isolés? Probablement. L’imaginaire collectif fonctionne cependant différemment et c’est souvent que tout le monde est mis dans le même sac. Comment faire alors pour que l’opprobre sur les futurs magistrats des 1 541 communes que compte l’ensemble du territoire national ne leur soit pas jeté systématiquement? D’aucuns diront qu’il suffit qu’ils répondent de manière efficace aux doléances de leurs administrés. Les élus sont souvent sanctionnés pour leur gestion sans que leur intégrité ne soit mise en doute. Leur crédibilité en dépend. Et c’est certainement de là qu’est née cette fracture, entre eux et ceux dont ils sollicitent les suffrages, que l’on tarde à réduire. Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a rappelé que la gestion du ramassage d’ordures, de l’hygiène, de l’éclairage public, du transport scolaire relevait de la compétence des APC, Assemblées populaires communales… en précisant qu’il n’y a pas de commune pauvre en Algérie. Des missions où les élus locaux se sont montrés défaillants tout en évoquant leur manque de moyens. Un argument balayé par le premier policier d’Algérie. «Il y a un problème dans la relation du citoyen avec les partis, parce qu’une fois les élections passées, les partis ne s’occupent plus du travail pour lequel leurs candidats ont été élus…cela peut être considéré comme un échec partiel des partis politiques» a fait remarquer Ould Kablia. Un constat qui n’a pas sorti la campagne des élections locales de sa torpeur. Elle prend fin dans pratiquement le même climat que lorsqu’elle a commencé: dans la morosité et une indifférence presque totale.

Même si paradoxalement, certains ténors ont pu faire salle comble lors de certains meetings. Les apparences sont trompeuses en politique. Croire en effet que cela représente un gage d’une forte participation des électeurs à ce vote, c’est un peu se mettre le doigt dans l’oeil.

Les précédents scrutins ont démontré le contraire. Il est très probable que l’on se dirige vers une abstention record. Les interventions alarmistes du ministère de l’Intérieur à ce sujet représentent un indice des plus sérieux. Daho Ould Kablia espère un taux de participation de plus de 40%. Un seuil qui, s’il n’est pas franchi, doit déboucher sur une enquête pour expliquer les raisons du peu d’intérêt qu’affichent les citoyens envers ce type d’élection, nous dit- il. La crédibilité des futurs élus est, d’ores et déjà, mise en jeu.

Leur légitimité ne dépend cependant pas uniquement du taux de participation à ce scrutin.

Ils auront en principe pour mission première de réhabiliter l’image, peu reluisante, souvent renvoyée par ceux (les P/APC) qui ont eu à gérer les affaires de la cité pendant plusieurs mandats pour certains d’entre eux sans que les préoccupations quotidiennes des citoyens ne soient prises en compte ou n’aient trouvé de solution…