Élection législatives: Les femmes seront-elles en tête de liste?

Élection législatives: Les femmes seront-elles en tête de liste?

Vu la contrainte des mentalités, les hommes ne sont pas prêts à faire des cadeaux aux femmes pour passer en priorité.

Elles sont de nouveau courtisées. Les femmes captent de plus en plus l’intérêt des partis politiques. En prévision des législatives de mai prochain, la gent féminine découvre son apport dans le développement de la société et de la vie politique. Le discours politique développé par les partis place la femme comme un enjeu stratégique de la prochaine échéance. Qu’ils soient de l’opposition ou de la coalition, de tendance islamiste ou démocrate, les acteurs politiques font dans la séduction de la gent féminine. Tout en reconnaissant son rôle, les partis invitent toutes les femmes à rallier leurs rangs en leur promettant monts et merveilles. L’enjeu vaut bien la chandelle. Forcés par la loi qui exige un quota de 30% de femmes dans les assemblées élues, les partis tentent de jouer le jeu. Université de la femme, rencontre avec les femmes cadres, cérémonies sont autant d’activités multipliées par les partis pour afficher leur intérêt envers le sexe féminin.

Or, si les partis font preuve de jouer le jeu, ces derniers ont-ils le courage de porter des femmes en tête de listes? C’est la question qui fâche justement pour la plupart d’entre eux. L’homme, semble-t-il, n’est pas prêt à faire un tel sacrifice. «Oui, on aimerait bien voir des femmes têtes de listes, mais avec les mentalités ce n’est pas évident», a affirmé le conseiller en communication et porte-parole du FLN. Contacté par nos soins, Moussa Benhamadi reconnaît qu’ «on ne peut pas accepter qu’une femme chapeaute la liste électorale». La politique est toujours monopolisée par l’homme. Malgré sa compétence et le niveau qu’elle a atteint dans les différents domaines, la femme reste encore peu admise dans la vie politique. Notre interlocuteur déplore cette mentalité qui empêche la femme de contribuer comme part entière dans la vie politique. «Les gens ont tendance à oublier que la femme était aux côtés de l’homme lors de la guerre de libération», a affirmé Benhamadi qui témoigne de la compétence et de la rigueur de la femme dans le travail.

Ce responsable soutient que même si la femme n’est pas portée en tête de liste, cela ne réduit pas ses chances à décrocher un siège à l’APN. «Même si elle est classée en 21ème position dans la liste électorale, le deuxième siège lui revient de fait», a-t-il expliqué. Pour la députée d’Alger, Samira Kerkouche, cela relève de l’impossible. «Les chances sont très minimes pour que les femmes soient portées en tête de listes», a-t-elle déclaré à L’Expression. Connaissant parfaitement l’égoïsme de l’homme politique, cette élue estime que les mentalités n’acceptent pas que la femme chapeaute l’homme. Le RND veut faire preuve de courage et rompre avec les anciennes méthodes. «Ce sont les conseils de wilayas qui vont trancher cette question», a affirmé Mohamed Guidji, chef du groupe parlementaire du RND. Ce dernier n’a pas exclu la possibilité qu’il y ait des femmes en tête de listes.

Pour le Parti des travailleurs, le problème ne se pose même pas. «Nous l’avons prouvé bien avant la Constitution en plaçant des femmes en tête de listes depuis 1997», a affirmé Nadia Chouitem, députée du Parti des travailleurs. Contactée par nos soins, cette élue explique que c’est une question de conviction qui dépasse la conjoncture électorale. «Au sein de notre parti la militante a sa place au niveau de toutes les structures du parti», a-t-elle soutenu en affirmant que les femmes gèrent les structures dans plusieurs wilayas. «Nous sommes un parti socialiste qui croit à la parité entre les femmes et les hommes», a-t-elle relevé tout en assurant que le parti fait en sorte que les militantes soient formées pour les préparer à prendre des responsabilités.

Cette élue estime que la politique des quotas n’a pas vraiment contribué à l’implication de la femme dans la vie publique. «Le quota est un trompe l’oeil car il est imposé sans que les partis ne soient convaincus», a-t-elle déploré. Effectivement, les partis font semblant de promouvoir la présence de la femme dans la vie politique du pays.

Vu la contrainte des mentalités, ces derniers ne sont pas prêts à faire des cadeaux aux femmes pour passer en priorité.