Election des vice-présidents et des présidents de commissions: Le groupe RND boycott la réunion de l’APW

Election des vice-présidents et des présidents de commissions: Le groupe RND boycott la réunion de l’APW

par Houari Saaïdia

Election des vice-présidents et des présidents de commissions: Le groupe RND boycott la réunion de l’APW

Dix jours après l’euphorie de l’installation, la nouvelle APW, qui en est à ses premiers balbutiements, se heurte à la réalité. Celle du caractère (quasi) monochrome de sa composante. Après la défaillance des parlementaires RND à la cérémonie, ce sont leurs pairs membres de l’APW qui ont fait de même. Sauf que là il s’agit d’un boycott et non d’une déclinaison d’invitation.

Couloir attenant à l’hémicycle. Il est 11h30. Il y a de la tension en l’air. Tout le monde attend depuis plus de deux heures la réunion ayant pour ordre du jour l’élection des présidents des neuf commissions permanentes et l’approbation des six vice-présidents choisis par le président de l’Assemblée dans les huit jours ayant suivi son installation, conformément au code de la wilaya. La séance aura-t-elle lieu ou pas ? La question est sur toutes les lèvres. Un vent d’incertitude souffle sur fond d’échos annonçant le retrait -à la dernière minute- du groupe RND, qui s’est donné le mot d’ordre de boycotter le rendez-vous, après avoir su que les dés étaient jetés, mais sans lui. Un peu plus tard, la rumeur se meut en fait avéré. Le groupe RND, composé de dix membres, a bel et bien décidé dans l’intervalle de ne pas prendre part à la réunion de pré-approbation pour la formation des commissions internes et la vice-présidence de l’Assemblée. Mobile du boycott, selon le porte-parole du groupe RND, « c’est une action concertée prise d’un commun accord par les dix élus RND membres de l’APW, en protestation contre leur mise à l’écart dans le choix des vice-présidents et des présidents des commissions permanentes. Le strict minimum, c’est un poste de vice-présidence et un autre de présidence de commission pour le groupe RND. C’est sans compter sur nous pour cautionner une répartition des tâches faite de manière unilatérale et inéquitable ».

Le boycott du groupe RND ne semblait pas, pour autant, inquiéter la plupart des élus FLN, qui, se vantant et se prévalant de leur majorité écrasante de 45 sièges sur les 55, affirmaient en aparté comme en voix off que « la non-participation du groupe minoritaire ne va rien changer à la donne, autant ne pas s’en faire une miette ». A l’opposée, loin de cette approche plate et simpliste de logique arithmétique et de rapport de force numérique, certains élus FLN, quoique rares, pèsent toute la gravité de cette discorde et de cette décohérence au sein de l’Assemblée locale élue, organe délibérant de la wilaya, d’autant qu’elles surviennent alors que l’instance n’en est qu’à l’état de nouveau-né et n’a pas même encore accompli son processus de constitution et de mise en fonction.

LES TRACTATIONS POUR LES POSTES DE TOUTES LES CONVOITISES

Mais de l’autre côté de la ligne, sur le front du combat, dans les coulisses, l’évolution des évènements, qui a pris une tournure non espérée pour ne pas dire peu rassurante, n’était au plus qu’un des « à-côtés » de la rencontre, un des faits divers de cette APW version 23 novembre 2017, et le vrai sujet, le thème central du débat préliminaire avant l’entrée en matière, n’était que les compromis pré-électoraux. Et ce, à coups de tractations, de pourparlers officieux et occultes, de donnant-donnant, avec comme enjeu évident les postes-clés des neuf commissions permanentes, que sont l’éducation, l’enseignement supérieur et de formation professionnelle, l’économie et les finances, la santé, l’hygiène et la protection de l’environnement, la communication et de technologie de l’information, l’aménagement du territoire et de transport, l’urbanisme et l’habitat, l’hydraulique et l’agriculture, les forêts, la pêche et le tourisme, les affaires sociales, culturelles, cultuelles, wakfs, sportives et de jeunesse, le développement local, l’équipement, l’investissement et l’emploi.

LE HUIS CLOS POUR UNE RÉUNION CONFIDENTIELLE

Et ce n’est pas un secret de Polichinelle que de révéler qu’entre autres objets de la boîte de Pandore qui font courir les élus après ces fameux postes et suscitent tant d’intérêt, d’engouement et de convoitise auprès d’eux, les privilèges sonnants et trébuchants qui lui sont inhérents, à commencer par les rémunérations alléchantes, mais aussi l’affairisme qui leur est rattaché, sans pour autant oublier la carte de visite dont on se sert comme d’un sésame pour ouvrir beaucoup de portes. Enfermé dans son bureau depuis 8h avec les adjoints vice-présidents qu’il a choisis pour former son staff, le président de l’APW envoie enfin, vers 11h50, un émissaire pour dire aux membres, qui commençaient vraiment à s’impatienter et à se poser des tas de questions, que la réunion c’est dans 10 petites minutes.

Midi pile, le professeur Boubeuker sort de son cabinet en compagnie de vice-présidents. Tout le monde s’engouffre dans la salle, qui fait habituellement office de salle pour les conférences de presse. Paradoxalement, cette fois-ci, la presse n’en a pas le droit d’accès car étant non invitée, la nouvelle l’Assemblée populaire de wilaya d’Oran ayant décrété le huis clos pour la tenue de cette réunion «en interne» frappée du sceau de la confidentialité. Et ce, en attendant de revenir au mode de la plénière en audience publique, à l’occasion de la prochaine assemblée générale, la toute première pour l’actuelle APW.