Election de la constituante en Tunisie,Comment se faire connaître parmi 1500 listes?

Election de la constituante en Tunisie,Comment se faire connaître parmi 1500 listes?
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Une campagne électorale au petit trop

Trois minutes de message électoral radio-télévisé pour chacune des quelque 1500 listes en lice pour l’élection de l’Assemblée constituante tunisienne: l’exercice est fastidieux, et certaines formations misent sur l’originalité pour se faire connaître.

Le décor est immuable pour chaque liste: un fond rayé avec deux nuances de bleu, clair et foncé. L’écrasante majorité des intervenants sont des hommes encostumés, lisant des feuilles, regardant à peine la caméra. Lilia Ayedi, à la tête de « la liste indépendante du 15 janvier » qui se présente uniquement dans la circonscription de l’Ariana (banlieue de Tunis), a choisi un tout autre format. Dans sa circonscription la concurrence est rude: 95 listes se disputent quelque 180.000 électeurs inscrits et 8 sièges dédiés. A Tunis, les circonscriptions 1 et 2, ne comptent chacune que 70 listes. Lilia Ayedi apparaît bras croisés, un bandeau mauve sur la bouche, couleur fétiche de l’ex-président tunisien Ben Ali.

Elle reste un instant silencieuse. Puis, elle applaudit mollement. D’un geste sec, elle enlève le bandeau. «ls m’ont oppressée, ils vous ont oppressés. Nous avons tous été oppressés» commence-t-elle. Elle parle lentement, en dialecte tunisien, et articule. Là où ses concurrents débitent leurs discours tonitruant à grande vitesse, souvent en arabe classique. Quelques phrases plus tard, la tête de « la liste indépendante du 15 janvier » retire promptement son haut noir laissant place à un t-shirt blanc. On y lit en arabe «demain est pour nous».

LG Algérie

Sur les trois minutes autorisées, Mme Ayedi en utilise à peine plus que la moitié (une minute et cinquante secondes). Assez pour attirer l’attention des réseaux sociaux tunisiens, principale source d’information durant le soulèvement de décembre-janvier. Il y a ceux qui aiment et saluent l’originalité, d’autres, virulents, critiquent l’absence de programme. «L’objectif est que les gens s’en souviennent», déclare Lilia Ayedi, dont le programme se résume à quelques mots: «transparence», «citoyenneté», «compétence». Cette candidate, responsable de formation, est presque une exception. Seules 5% des têtes de listes sont des femmes, même si la parité, imposée par la loi électorale, est toutefois respectée. Comme la liste du 15 janvier, 587 listes sur 1428 sont «indépendantes» des partis politiques. Ces derniers qui ont plus de moyens humain et matériel sont plus nombreux: 787 listes sur le territoire national. Plus d’une semaine après son début, la campagne électorale, commencée «timidement», selon les mots du président de l’Instance supérieure pour les élections (ISIE) Kamel Jendoubi, est en train de monter en puissance. «Il y a eu un début très timide et une reprise forte. Samedi, une quarantaine de réunion publiques dans le pays étaient annoncées. La campagne visiblement est en train de prendre du volume en intensité et en contenu. La deuxième semaine sera plus animée», assure M. Jendoubi. Selon lui, «les indépendants ont du mal à percer faute d’expérience et de moyens». Au huitième jour de campagne, «on a encore des emplacements (d’affiches murales) vierges», constate-il. La liste indépendante du 15 janvier a reçu 3500 dinars (1750 euros environ) de la part de l’Etat pour financer sa campagne. Grâce à cette allocation, les 8 candidats de la liste du 15 janvier, ont déjà pu imprimer leurs affiches. Ils les collent eux-mêmes, chaque soir. La somme des allocations publiques (qui varie selon le nombre d’inscrits dans les circonscriptions) frôle les 10 millions de dinars (5 millions d’euros environ). Une moitié est versée au début de la campagne et le reste 10 jours avant la fin de celle-ci, le 21 octobre à minuit.