Qu’avait Rabat à gagner en sabotant l’élection du représentant algérien, Driss Djazaïri, à la tête du groupe des 77 aux Nations unies, laissant la voix libre à celui du Lesotho. Décidément, entre Rabat et Alger, c’est loin d’être la lune de miel, comme le laissaient penser les derniers rapprochements entre les deux capitales.
Candidat à la présidence du groupe des 77 à l’ONU, le représentant algérien a eu la désagréable surprise de se faire recaler par un autre prétendant, celui du Lesotho en l’occurrence.
Ce dernier, apprend-on de source bien informée, a postulé suite à une sollicitation du… représentant marocain au sein de cette organisation, qui s’est chargé de lui assurer la promotion de sa campagne électorale au détriment de Driss Djazaïri, qui pourtant avait au départ le soutien du groupe africain.
C’est une véritable opération de sabotage en règle qu’a menée le responsable marocain, dont l’issue aura été l’élection du candidat du Lesotho. Au-delà des faiblesses avérées de la diplomatie algérienne dans cette affaire, qui n’a pas été à la hauteur de la réputation qu’on lui attribue, les agissements peu honorables de Rabat ne laissent plus aucune place au doute quant aux intentions malveillantes vis-à-vis de l’Algérie.
Certes, le conflit du Sahara occidental envenime les relations entre les deux pays, mais il ne devrait pas déteindre négativement sur les opérations de ce genre, dont les retombées seront positives pour les deux pays et la région. Apparemment, tous les coups sont permis pour le makhzen, qui ne distingue plus entre l’importance des événements et leur utilité pour les deux pays, pour “punir” l’Algérie à cause de sa position sur le Sahara occidental. Il recourt ainsi à une véritable hypocrisie diplomatique dans ses relations avec l’Algérie.
Rabat cache bien son jeu en affichant publiquement une disponibilité à se rapprocher d’Alger, comme en attestent les nombreux échanges ministériels entre le Maroc et l’Algérie dans différents domaines depuis quelques semaines. Mais, en réalité, les diplomates marocains ont pour mission particulière de casser tout ce qui est algérien sur la scène internationale, comme l’illustre fort bien cette manœuvre du représentant marocain dans le groupe des 77 pour empêcher son homologue algérien d’en assurer la présidence à l’ONU, d’autant plus que le Maroc n’a rien à gagner en propulsant le candidat du Lesotho.
Il faut croire qu’entre l’Algérie et le Maroc, le mal est bien profond. Il faudrait beaucoup plus que ces échanges ministériels conjoncturels pour dégeler les relations bilatérales, qui ne sont que de la poudre aux yeux, car les contentieux, notamment la frontière fermée et les terres agricoles d’Algériens spoliées par le makhzen, exigent un traitement global autour d’une table pour aplanir tous les différends.
Les deux parties doivent avoir le courage de mettre le conflit sahraoui en sourdine et parler franchement de leurs problèmes, au lieu de poursuivre la politique de l’autruche.