On s’achemine vers deux consultations parallèles durant le mois de juin prochain. Comment sortir de l’impasse actuelle et construire un nouveau rapport de force?
Le fossé se creuse davantage entre l’opposition et le pouvoir. On s’achemine vers deux consultations parallèles durant le mois de juin prochain. Vraisemblablement, la fuite en avant et le statu quo persisteront car si le pouvoir n’est pas en mesure de convaincre l’opposition de prendre part à ses consultations, en revanche, l’opposition qui a flairé le piège n’est pas prête à mordre à l’hameçon.
Bien au contraire, la rupture s’annonce définitive puisque l’opposition rejette dans la forme et dans le fond la démarche consistant à donner une traduction politique au rapport de la commission présidée par Azzouz Kardoune sur le projet de révision constitutionnelle devant intervenir en 2013, selon les observateurs.
Or, la majorité des partis politiques de l’opposition s’inscrit déjà dans une autre démarche appelant à la mise en oeuvre des pré-conditions nécessaires pour le passage à une période de transition.
Conforté par un taux d’abstention de près de 50% des électeurs, le groupe des boycotteurs mué en coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique, a vite signifié son refus catégorique de participer aux consultations politiques dès leur annonce.
«Nous avons déjà participé à des discussions qui n’ont rien donné en 2012. Nous avions préparé des propositions qui n’ont même pas été prises en compte. Je ne vois pas comment est-ce que nous allons participer cette fois-ci», a indiqué le président du MSP, Abderrezak Makri, à l’ouverture des travaux de la conférence des cadres de son parti à Alger.
Pour eux, il n’y a pas de doute, la démarche adoptée par le pouvoir vise «à récupérer les propositions de l’opposition pour les diluer et les vider de leur substance». Ainsi, à la lumière de cet état des lieux prévalant sur la scène politique, les observateurs et les acteurs politiques décèlent «un manque de volonté politique pour amorcer un réel changement vers une nouvelle République».
Par voie de conséquence, le pacte politique salvateur s’éloigne avec l’accentuation des divergences fondamentales autour de la solution à apporter à la crise politique algérienne. Et à terme, cela risque de produire une fracture fondamentale empêchant le rapprochement entre les deux pôles politiques qui se dessinent, de l’avis des analystes politiques. Ali Benflis, qui s’entoure de plusieurs formations politiques, s’oppose lui aussi à l’offre de dialogue national du pouvoir.
A l’instar des partis de la conférence pour la transition avec laquelle il partage le diagnostic de la crise politique, Ali Benflis a qualifié la proposition de consultations émanant du pouvoir de manoeuvre et de diversion manquant de crédibilité dans l’objectif de contenir les grandes hostilités à son égard.
S’engageant à capitaliser les résultats obtenus lors de la présidentielle, il s’inscrit également dans la logique d’une période de transition. Par ailleurs, il ne reste à connaître que la position du FFS qui a pour rappel décliné l’invitation de faire partie du nouveau gouvernement Sellal.
Exception faite du PT qui a déjà annoncé sa participation aux consultations de Bouteflika. Dans ce contexte, les spécialistes affirment que présentement, «le système algérien ne répond pas aux exigences politiques nécessaires et modernes qui permettent le passage à la IIe République».
Il est temps que l’Algérie entre dans la modernité et la rationalité politique, autrement dit «passer au gouvernement des lois au lieu de gouvernement des hommes». Il s’agit de redistribuer le pouvoir aux institutions à l’image du Parlement et la chefferie du gouvernement.