On prend les mêmes et on recommence. C’est en tout cas ce vers quoi se dirige la wilaya d’El Tarf, région frontalière de l’extrême est du pays.
Connue pour ses richesses touristiques et agricoles, El Tarf n’en finit pourtant pas d’être considérée comme une wilaya délaissée, malgré les importants efforts que semblent faire les autorités, tant locales que nationales.
Entre un chantier de l’autoroute Est-Ouest complètement à l’arrêt à partir de Dréan, et ce, jusqu’à la frontière, des infrastructures qui vieillissent à une vitesse rapide d’Echatt à Bouteldja, en passant par Bouhadjar, les autorités ont décidé, semble-t-il, de prendre à bras-le-corps ce mal qui nuit à l’image d’El Tarf. Ainsi, dimanche, une commission chargée de suivre sur le terrain tous les projets d’investissement a été installée dans le but de lever les contraintes que les investisseurs pourraient connaître dans la concrétisation de leurs projets.
C’est en tout cas ce qu’a indiqué le wali, Mohamed Lebka, lors d’une rencontre qui a regroupé, au siège de la wilaya, près de 70 investisseurs porteurs de projets validés par le Comité d’assistance à la localisation et à la promotion de l’investissement et de la régularisation du foncier (Calpiref). « La commission a entamé sa mission afin de permettre à cette wilaya de connaître le bond qualitatif tant attendu en matière d’investissements », a-t-il notamment déclaré en marge de cette rencontre à nos confrères de l’APS. Pour Mohamed Lebka, il faut « privilégier le contact direct, franc et objectif afin de résoudre les problèmes à l’origine des retards enregistrés dans l’exécution des projets d’investissement dans les délais impartis ». Il s’agirait surtout des préoccupations liées aux lenteurs rencontrées auprès des banques et du Contrôle technique des constructions (CTC). Des problèmes qui ont été soulevés par les investisseurs, qui ont fait, depuis 2011, valider 87 dossiers, dont 47 depuis moins d’un an.
Il a été précisé, au cours de cette rencontre, que les efforts consentis pour la relance de l’investissement ont également permis la récupération de 20 hectares de poches foncières susceptibles de servir d’assiettes pour la réalisation de projets porteurs d’emplois. D’autres terrains sont en cours de récupération, en particulier à Echatt, au Lac des Oiseaux, à Aïn Allem (Dréan) et à Aïn Assel. Faute de mieux, cette commission devrait donc assurer le suivi de tous les investissements en vue de procéder à un véritable décollage de cette wilaya, qui, depuis qu’elle a été créée en 1983, n’a jamais vraiment connu de véritable expansion, tant sur le plan économique que social.
Hormis le tourisme, et encore, essentiellement du côté d’El Kala, tous les autres secteurs sont bloqués en raison d’une bureaucratie qui fait fuir d’éventuels investisseurs, lesquels préfèrent investir dans les wilayas limitrophes, à l’instar de Souk Ahras, Guelma, voire Annaba. Malgré la présence d’un pôle universitaire ultramoderne au chef-lieu de wilaya, la plupart des étudiants préfèrent suivre leur cursus à Annaba ou Constantine. Nombreux sont les habitants à penser que leur wilaya mérite mieux, mais qu’en raison de sa position géographique, elle est complètement délaissée. On peut d’ailleurs rappeler la détresse des habitants des localités frontalières, à l’instar d’Oum Theboul ou de l’ancien village socialiste Bougous, jadis l’un des fleurons de l’agriculture dans les années 1970. Certains se demandent même si leurs villes et villages sont considérés comme faisant partie intégrante de l’Algérie.
Des projets, la wilaya d’El Tarf en regroupe un certain nombre. Certains avancent tant bien que mal, d’autres stagnent, tandis que d’autres encore sont complètement à l’arrêt. En dépit d’un réseau routier de plus en plus vétuste, malgré la mise à 2×2 voies des RN44, RN16 et d’une infime partie de la RN84, de plus en plus d’usagers appréhendent de se rendre dans la wilaya d’El Tarf, même si certains, désireux d’effectuer un séjour en Tunisie, sont bien obligés de prendre cette RN44, qui, bien qu’ayant été réaménagée en certains endroits, n’en finit pas, à l’approche de la frontière, de causer de nombreux accidents, parfois mortels.
Les différentes villes, dont certaines sont des chefs-lieux de daïra, n’en finissent pas, du fait des constructions anarchiques et d’une absence notoire de politique urbaine crédible, de sombrer dans une laideur qui fait que le réseau urbain de la wilaya d’El Tarf, à l’exception toutefois du chef-lieu de wilaya et, dans une moindre mesure, El Kala et Ben M’hidi, est le plus décrié de toute la région est. La commission de wilaya, qui fait donc ses premiers pas, devrait donc améliorer un tant soit peu l’image de la wilaya d’El Tarf, en matière d’investissements et d’infrastructures. Un travail titanesque qui s’annonce sous l’impulsion du wali Mohamed Lebka, qui semble bien décidé à en finir avec l’image négative d’El Tarf, qui est pourtant l’un des joyaux écologiques d’Algérie.