C’est le grand déballage au complexe sidérurgique ArcelorMittal d’El Hadjar où les communiqués et les conférences de presse des deux camps en conflit se suivent, chacun essayant de dénigrer l’autre en mettant en avant ses actions au profit des ouvriers tout en diabolisant l’autre avec force arguments. Ainsi, hier, au niveau du laminoir à froid, initialement bastion tout acquis au secrétaire général du syndicat d’entreprise, M. Aïssa Menadi, (aujourd’hui député) l’ensemble des travailleurs a basculé du côté du secrétaire général par intérim Smaïl Kouadria.
Une assemblée improvisée par les ouvriers de cette unité s’est tenue dans le but d’exprimer leur soutien à celui-ci et ainsi lui confirmer leur adhésion totale à sa démarche qui consiste à renouveler le bureau syndical et à réclamer une enquête sur le comité de participation et, surtout, le fonds social. Appelé en urgence M. Kouadria arriva accompagné de délégués syndicaux pour essayer de calmer l’agitation qui s’est propagée à travers toute l’unité. Les ouvriers demandaient à ce que l’enquête soit déclenchée au plus vite pour voir où leur argent est allé (3% de la masse salariale globale est affectée à ce fonds), l’un d’entre eux déclara tout haut que ce sont les proches de Menadi quelques relations qui en ont profité. «Nous la voulons maintenant cette enquête !», lance un ouvrier en bleu de travail et casque «ils ont tout pris !».
Ce à quoi Kouadria répondit que cela se fera quelle que soit la situation. «Nous savons que les fils Menadi, dit-il, sont associés à des entreprises sous-traitantes, ici, au niveau du complexe où ils ont engrangé beaucoup d’argent sur le dos des travailleurs ; nous allons assainir le syndicat, cette instance est au service des travailleurs, elle doit défendre leurs intérêts, nous, nous sommes ici, au milieu des ouvriers, nous ne sommes pas au siège de l’USM Annaba ou à l’hôtel Mimosa comme Menadi, nous sommes avec vous comme nous l’avons toujours été. Il n’est pas question de revenir sur un seul des points contenus dans la résolution d’hier [allusion au rassemblement de dimanche] même si il y a intermédiation ou réconciliation. Nous poursuivrons notre action envers et contre tous.
Il n’est plus question de continuer de la sorte et Menadi n’a plus droit de cité ici, sa relation de travail est suspendue puisqu’il est député, il touche 30 millions de centimes par mois, il est en haut et nous, nous sommes en bas, il ne peut plus nous représenter.» Les ouvriers firent savoir au SG par intérim qu’au départ, ils ne savaient pas ce qui se passait, qu’ils étaient complètement coupés des événements et que c’était la faute de certains délégués syndicaux qui les maintenaient dans l’ignorance parce qu’ils roulaient pour Menadi. Ils proposèrent de désigner trois délégués qui seront régulièrement informés de ce qui se passe pour qu’ils puissent donner leur avis et entreprendre toute action à même de consolider leur soutien.
Pendant ce temps à la Tabacop, siège de l’USM Annaba, le député, secrétaire général du syndicat ArcelorMittal, Aïssa Menadi, tenait une conférence de presse sur son bilan et son parcours syndical au niveau du complexe. Dans un «flash aux travailleurs» distribué aux présents, Smaïl Kouadria est qualifié de «pseudo-syndicaliste» et de «traître» pour dire qu’il a toujours failli à sa mission dans la défense des intérêts des travailleurs, qu’il a toujours soutenu tous les directeurs qui se sont succédés, qu’il a cautionné tous les départs de travailleurs et qu’il avait fait l’objet d’une exclusion du syndicat d’Alfasid à l’époque de Dilmi.
Selon le flash, M. Kouadria n’a jamais signé de plateforme de revendications ou de préavis de grève et, dans toute cette agitation, le syndicaliste est manipulé par la direction générale. Dans l’affaire Gross-Mithy, M. Kouadria a observé le silence alors que le préjudice causé s’élève à 520 milliards de centimes. Le flash conclut par le qualificatif «traître» pour désigner le SG par intérim. Ce grand déballage de linge «sale» en public ne peut que diviser les travailleurs, au moment où le complexe vit des moments très difficiles.