El Gueddafi massacre son poeuple à huis clos,Plus de 80 morts déjà!

El Gueddafi massacre son poeuple à huis clos,Plus de 80 morts déjà!
el-gueddafi-massacre-son-poeuple-a-huis-closplus-de-80-morts-deja.jpg

La répression sanglante se poursuivait hier en Libye où des heurts violents ont opposé manifestants et forces antiémeute.

Les forces de sécurité ont tué plus de 80 personnes manifestant contre le régime du colonel Mouamar El Gueddafi, au pouvoir en Libye depuis quatre décennies, a indiqué hier l’ONG Human Rights Watch (HRW), après la menace du pouvoir d’écraser l’opposition.

Des morts, des blessés, des brûlés dans des incendies et des évasions de prisons. La situation s’aggrave en Libye et semble avoir pris un tournant irréversible. Les manifestants plus déterminés que jamais ont poursuivi leur contestation, déterminé à faire tomber le régime du colonel Mouamar El Gueddafi. Hier, les affrontements se poursuivaient à Benghazi, deuxième ville du pays, à Zenten, Derna, et d’autres localités qui ont pris le train de la révolte. Selon les agences de presse qui donnaient hier un premier bilan de ces affrontements, le nombre des décès serait au moins de 80 morts alors que celui des blessés dépasse très largement la centaine.

Mais dans un pays hermétiquement fermé aux médias étrangers et indépendants, ces bilans demeurent aléatoires, alors que la révolte populaire entrait hier dans son sixième jour. Citant les témoignages de responsables hospitaliers, l’organisation américaine des droits de l’homme, HRW (Human Rights Watch) à dénombré plus de 55 manifestants, selon elle, assassinés en deux jours, à savoir jeudi et vendredi.

Un haut responsable de l’hôpital Al-Jalaa a ainsi confié à HRW que cet établissement a comptabilisé, tard dans la soirée du vendredi, 35 personnes tuées, en précisant qu’il s’agit des manifestants qui avaient succombé à leurs blessures suite à des tirs, jeudi, à balles réelles, à la poitrine, au cou et à la tête. La même source a dévoilé que l’hôpital a fait appel à tous les médecins de Benghazi pour qu’ils viennent à leur secours. La grande ville de l’est de la Libye, Benghazi, qui mène la révolte a été le plus touchée et est en train de payer le prix fort pour la liberté. Les médecins de Benghazi ont lancé un appel, également, à la population pour des dons de sang. HRW a aussi fait état de 23 morts à Al-Baïda, 3 à Ajdabiya et 3 à Derna. Les violences de vendredi à Benghazi ont commencé alors qu’avaient lieu «les funérailles des 20 manifestants tués la veille par les forces de sécurité». Après ces massacres, le procureur général libyen Abdelrahman Al-Abbar a ordonné l’ouverture d’une enquête pour déterminer les «raisons» de ces violences et notamment, arrêter le bilan réel des victimes. «Le procureur a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les raisons et le bilan des événements dans quelques villes et a appelé à accélérer les procédures pour juger tous ceux qui sont coupables de mort ou de saccages», a indiqué à l’AFP, une source libyenne, proche de la magistrature, sous couvert de l’anonymat. Dans la nuit de vendredi à samedi, les manifestations se sont poursuivies.

Les manifestants ont incendié le siège de la radio locale de Benghazi, après le retrait des forces de l’ordre qui assuraient la sécurité du bâtiment. Dans la même ville, un grand nombre de prisonniers, qui dépasserait un millier, se sont évadés vendredi après une mutinerie dans une geôle de cette localité, dont 150 d’entre eux auraient été, entre temps, arrêtés.

Ces événements se passent «dans un huis clos» total. La fermeture médiatique fait la particularité de ce pays. Aucun des grands médias mondiaux n’a de représentants en Libye. Ce sont les citoyens, avec de moyens du bord, souvent amateurs (photos et films pris par téléphone portables et transmis par Internet) qui tenaient informé le monde de ce qui se passait dans le pays. Les chaînes satellitaires sont interdites d’accès. Le gouvernement libyen empêche les journalistes et les organisations de défense des droits de l’homme de travailler librement. L’accès à l’Internet a été coupé depuis vendredi dans tout le pays, selon Arbor Networks, société spécialisée dans la surveillance du trafic Internet, basée aux Etats-Unis, au moment où les manifestations antigouvernementales prennent de l’ampleur. En Libye c’est le silence radio! A l’instar de la Tunisie, de l’Egypte, du Bahreïn et du Yémen, les événements se précipitent en Libye. Depuis mardi dernier, des voix ne cessent de s’élever pour réclamer le départ du colonel Mouamar El Gueddafi, doyen des dirigeants arabes et au pouvoir depuis 42 ans. La manifestation a commencé à prendre de l’ampleur dès jeudi.

A l’appel lancé sur Facebook pour «une journée de colère», des milliers de Libyens sont sortis ce jeudi dans les différentes villes du pays, telles Al Baïda, Benghazi, Zenten, Derna et Ajdabiya, pour marcher et exprimer leurs revendications. L’impact des révolutions de la Tunisie et de l’Egypte a eu des effets immédiats en Libye coincée entre ces deux pays dont les peuples ont su trouver leur chemin vers la liberté. «Les Libyens ont vécu en temps réel les événements qui se sont déroulés à leurs frontières. Il ne faut pas oublier qu’il y a des milliers de Tunisiens qui travaillent en Libye», explique Denis Bauchard, conseiller à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et ancien diplomate français. Il y avait en effet, beaucoup de points communs entre les régimes tunisien, égyptien et libyen, même, formule, mêmes pratiques jusqu’à la chute de Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier et celle de Hosni Moubarak le 11 février.

Tahar FATTANI