El Fouhami : «Le match de mars éliminera l’Algérie ou le Maroc quel que soit le résultat»

El Fouhami : «Le match de mars éliminera l’Algérie ou le Maroc quel que soit le résultat»

L’entraîneur des gardiens de but de l’équipe olympique marocaine, Khaled El Fouhami, a accepté de nous accorder cet entretien à l’issue de la rencontre de son équipe contre le Cameroun lors de la dernière journée du tournoi de l’UNAF au stade Mohammadia.

Il est l’un des meilleurs portiers marocains, et sa dernière sortie avec les Lions de l’Atlas était la CAN de 2004 en Tunisie où il a affronté et éliminé l’Algérie en quarts de finale.

Comment jugez-vous le niveau du tournoi de l’UNAF des sélections olympiques ?

Je pense que c’est un tournoi réussi bien qu’on ait souhaité la participation de plus d’équipes nord-africaines comme la Tunisie et l’Egypte. On remercie par ailleurs l’Algérie et la Libye pour leur présence avec leurs effectifs types ainsi que le Cameroun dont le but n’était  pas de participer pour participer. Je félicite à l’occasion l’équipe d’Algérie pour sa consécration et je lui souhaite beaucoup de réussite à l’avenir.

Et comment avez-vous trouvé l’équipe d’Algérie dans ce tournoi ?

Franchement, l’équipe d’Algérie nous a impressionnés par son organisation dans les trois compartiments et son efficacité offensive en inscrivant six buts à une défense costaude comme le Cameroun. Mais lors de la deuxième partie livrée contre nous, on a été surpris par le schéma tactique ultradéfensif prôné par votre entraîneur. Ce que je regrette personnellement du moment qu’on s’attendait à un meilleur visage et un jeu ouvert qui allait nous assurer un meilleur spectacle. Mais il semble qu’Aït Djoudi ne cherchait que la victoire.

Mais chaque entraîneur est libre d’opter pour le schéma qui lui semble bon, non ?

Absolument, mais il s’agit d’un tournoi amical qui vous sert de préparation. De notre côté, on aurait voulu voir un jeu ouvert pour donner un bon match un point, c’est tout.

Cela aurait-il assuré la victoire au Maroc ?

Je ne parle pas de victoire ni de trois points, notre but dans ce tournoi est de se préparer et donner la chance au maximum de joueurs d’avoir un temps de jeu important. On a voulu les tester contre l’équipe d’Algérie qui renferme de bons éléments, notamment en défense.

En votre qualité d’ancien gardien de but, comment jugez-vous celui de l’équipe algérienne ?

Celui qui a joué les deux premiers matches (Mazouzi en l’occurrence) a de grandes potentialités et a contribué activement aux victoires de son équipe surtout la deuxième contre nous où il a sauvé des buts tout fait. Je lui souhaite beaucoup de réussite à l’avenir.

Il est le troisième gardien de l’USMA dans le championnat algérien, qu’en pensez-vous ?

Non, ce n’est pas possible ! Un gardien de sa trempe ne peut pas être troisième gardien dans un club algérien. Il peut prétendre facilement à une place de titulaire dans une équipe de première division au Maroc. Je lui conseille de quitter son club le plus vite possible, quitte à venir jouer au Maroc.

Parlons de la prochaine rencontre entre l’Algérie et le Maroc prévue pour le mois de mars prochain. Comment voyez-vous a priori cette confrontation ?

Depuis le tirage au sort, on ne cesse de parler de cette confrontation dans la rue. En premier, tout le monde appréhendait le groupe qui renferme votre équipe vu son statut de mondialiste et son niveau qui ne cesse de progresser grâce aux multiples joueurs professionnels qui évoluent chez vous. L’Algérie était favorite à l’époque, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les données ont changé, et les deux équipes sont équilibrées. On ne peut donc se prononcer sur cette rencontre avant d’être jouée.

Que voulez-vous dire par là ?

L’échec de l’Algérie dans ses deux dernières sorties contre la Tanzanie et l’Afrique centrale a faussé tous les calculs, toutes les équipes ont la chance de se qualifier actuellement alors qu’on pensait qu’elle se jouera uniquement entre l’Algérie et le Maroc. Votre équipe a connu des changements également avec le départ de Saâdane remplacé par Benchikha, et le remplacement de certains joueurs par d’autres. C’est pratiquement la même chose qui se passe au Maroc.

Vous croyez donc à une victoire du Maroc en Algérie, n’est-ce pas ?

Absolument, c’est le football et nous possédons plusieurs joueurs évoluant dans les plus grands championnats européens. Cela sans diminuer de la valeur de l’équipe algérienne que je considère comme le géant dormant, capable de se révolter à n’importe quel moment et avoir le même visage montré lors de la Coupe du monde et la dernière CAN où elle a atteint les demi-finales.

D’aucuns pensent que cette confrontation de mars est décisive pour les deux équipes, qu’en pensez-vous ?

Je crois qu’elle l’est plus pour l’Algérie que le Maroc. Mais je pense que le résultat de cette rencontre sera déterminant. La rencontre de ce mois de mars éliminera soit le Maroc soit l’Algérie quel que soit le résultat.

Comment ça ?

Si l’Algérie perd ce match, elle perdra toutes ses chances de qualification ; dans le cas contraire, elle reviendra en force, tandis que le Maroc s’affaissera du moment qu’il est toujours fragile. Même en cas de nul, l’Algérie sera éliminée prématurément.

Nous avons remarqué lors de notre présence sur le sol marocain, une certaine sensibilité concernant ce match. Ne craignez-vous pas un remake du scénario Egypte-Algérie par exemple ?

Je ne peux pas prévoir ce qui se passera dans l’avenir, mais vous avez raison, tout le monde parle de ce match et lui accorde une grande importance alors qu’il se jouera en mois de mars. Mais je dirai que la responsabilité doit être assumée par tout le monde et prendre toutes les dispositions et ne pas surtout amplifier les choses. C’est un match où il y aura un vainqueur et un vaincu. En cas de victoire de l’Algérie, on n’hésitera pas à la féliciter. Dans le cas contraire, je suis persuadé que les Algériens seront contents pour nous, comme nous étions nous heureux par leur qualification en Coupe du monde et nous avons les soutenus comme s’il s’agissait des Lions de l’Atlas. Cela dit, le scénario Egypte-Algérie ne se reproduira pas si les médias prennent ce match avec raison.

Vous incombez donc la responsabilité aux médias dans l’affaire Egypte-Algérie…

Ils ont une part de responsabilité, si cela n’avait été cette campagne virulente déclenchée des mois avant ce match du Caire, on aurait évité ce qui s’est passé entre les deux pays. Les deux parties sont responsables de ce qui s’est passé. Il aurait été judicieux d’appeler au fair-play et la solidarité entre deux peuples qui partagent la même langue et religion.

Après une grande polémique, Eric Gerets a rejoint la barre technique dernièrement. Que pourra-t-il apporté de plus à la sélection ?

On va voir, tout le monde connaît cet entraîneur qui a une bonne réputation. Sa touche s’est fait sentir dans sa première sortie avec la sélection marocaine contre l’Irlande du Nord. Il a su booster les joueurs. Franchement, notre équipe lui manque un entraîneur de gros calibre. Nous souhaitons à Gerets bonne chance et nous sommes là pour lui donner de l’aide.

Vous avez affronté l’Algérie en quarts de finale de la CAN 2004 en Tunisie. Quel souvenir gardez-vous de ce match ?

(Il rit) C’est un match qui sera gravé dans les mémoires surtout en Algérie car son équipe était toute proche de la qualification en demi-finale si ce n’était le but de Merouane Chamakh dans le temps additionnel qui nous a permis de revenir dans le match et marquer deux autre buts par Hadji et Zaïri avant de se qualifier pour le prochain tour.

Comment avez-vous vécu cette empoignade ?

Il y avait une grosse pression, d’autant plus que le public algérien était en force sur les gradins. On se croyait en Algérie même. Ce qui fait que votre équipe était avantagée de ce côté. Je ne vous cache pas la pression que nous avions subie, mais on est restés concentrés jusqu’au coup de sifflet final.

Vous attendez-vous à ce que votre équipe vive la même pression ou plus en mois de mars avec la présence de 80 000 supporters ?

Absolument, les camarades de Chamakh vivront une terrible pression, ce qui est normal sachant que les matches entre le Maroc et l’Algérie drainent les foules qui auront certainement une influence sur l’équipe hôte.

Si on revient à ce match de 2004 ; que retenez-vous de plus ?

Je me rappelle que lorsqu’on était menés au score, Cherrad avait l’occasion de marquer un deuxième but et tuer le match, mais je l’ai empêché. Mes camarades m’ont remercié à la fin de la rencontre. Je me rappelle de quelque chose aussi qui m’est restée en travers la gorge.

De quoi s’agit-il ?

A la fin de la partie quoi de plus naturel d’exprimer sa joie après notre qualification en demi-finale et prouver qu’on avait une bonne équipe. La preuve, on est allés jusqu’en finale. Mais le milieu de terrain algérien Kraouche a refusé de me serrer la main bien que je me sois directement dirigé vers lui. J’étais étonné du fait qu’il s’agisse d’un joueur professionnel en Belgique. Il devait donner une meilleure image digne de lui et de la sélection algérienne.

Connaissez-vous certains de nos joueurs actuellement ?

Franchement, le gardien de but Chaouchi me plaît beaucoup. J’espère qu’il reviendra en sélection le plus vite possible puisqu’il le mérite. Concernant le volet disciplinaire, on a déjà vu des cas similaires en football. Le joueur est un être humain exposé à des erreurs.

Vous souhaitez le retour de Chaouchi, alors qu’il sera capable d’affronter votre équipe en mois de mars ?

Oui, je suis fair-play et Chaouchi est un grand gardien de but et sa présence en mois de mars ne m’inquiète pas. Bien au contraire, le match sera plus difficile pour le Maroc et la victoire aura un goût particulier avec la présence d’un gardien pareil.

On est content de vous entendre, par quoi voulez-vous conclure ?

Tout le plaisir est pour moi. Je demande aux supporters en Algérie et au Maroc d’être fair-play avant cette rencontre car on est avant tout des frères. Que le meilleur gagne ! Je félicite encore fois votre Equipe olympique pour sa consécration du trophée de l’UNAF. Bonne chance.