El Baradei négocie l’après-Moubarak avec les Etats-Unis

El Baradei négocie l’après-Moubarak avec les Etats-Unis

L’armée égyptienne qui a, dans un communiqué officiel, jugé «légitimes» les revendications du peuple, a respecté son engagement. Elle n’a pas fait usage de la force contre les manifestants qui ont afflué massivement hier au centre du Caire pour participer à «la marche d’un million».

L’armée qui a averti qu’elle «ne permettra aucune tentative inacceptable contre les citoyens ou contre la sécurité du pays», a néanmoins fermé hier tous les accès au Caire et à d’autres villes. Le trafic ferroviaire est suspendu depuis lundi dernier, et la ligne de métro reliant Le Caire à Choubra el-Kheima a été fermée. Mais cela n’a pas empêché des centaines de milliers de personnes de se rassembler au Caire et à Alexandrie ainsi que dans d’autres grandes villes d’Egypte pour cette journée ouverte de manifestations que l’opposition espère décisive, après une semaine de mobilisation sans précédent contre le régime de Moubarak et qui a fait près de 300 morts.

Le comité représentant les forces de l’opposition égyptiennes a, précisons-le, répondu par la négative à l’appel de négociations lancé par le président Moubarak et son vice-président. Dans un communiqué rendu public hier, l’opposition a déclaré qu’elle n’entamerait pas de négociations avant le départ du président de la République. Mohamed El Baradei, la figure de proue de l’opposition, a prévenu dans le journal britannique The Independent que, si le Président «veut vraiment sauver sa peau, il ferait mieux de partir», ajoutant à la chaîne Al Arabiya que «le président Moubarak doit quitter le pouvoir d’ici vendredi».

Et alors que le million d’Egyptiens occupent les rues des plus grandes villes du pays, exigeant le départ de président Hosni Moubarak, ce dernier, qui refuse de quitter le pouvoir sous la pression, a chargé son nouveau ministre de l’Intérieur, Mahmoud Wajdi, de «rétablir l’ordre le plus vite possible». Peine perdue apparemment puisque l’allié le plus important du président Moubarak, à savoir les Etats-Unis, a pris contact hier avec El Baradei pour discuter de l’après-Moubarak. C’est avec la diplomate Margaret Scobey que l’opposant égyptien s’est entretenu hier et, à en croire la source de l’AFP, El Baradei aurait proposé de confier au vice-président Omar Souleimane la charge d’assurer une présidence intérimaire.

Cette période de transition permettrait de dissoudre les deux chambres du Parlement et de réviser la Constitution en vue d’élections législatives et présidentielle. Tout porte à croire que ce scénario, le plus favorable aux Américains, a été confectionné à Washington. Dans un autre scénario, El Baradei aurait proposé de constituer un conseil présidentiel comprenant trois personnalités, un militaire et deux civils, pour gérer la transition, une fois Hosni Moubarak parti.

Le militaire, dans ce cas également, ne peut être que le général Omar Souleïmane, l’homme qui peut préserver les équilibres politiques dans la région. En Egypte et après une semaine de mobilisation sans relâche, les contrecoups économiques de la révolte se font sentir. Les banques et les Bourses sont fermées, le carburant commence à manquer ainsi que les produits de base. Mais les Egyptiens continuent de crier : «La liberté ou la mort ! Nous sommes prêts à rester là dix, vingt ou trente ans.»