Les événements s’accélèrent en égypte à l’approche de la présidentielle
Le Parlement égyptien, dominé par le Parti de la liberté et de la justice (Frères musulmans), met la clé sous le paillasson jusqu’au 6 mai prochain. A l’origine de cette « grève » d’une semaine, l’envie des islamistes d’en découdre avec le gouvernement de Kamal Ganzouri que le Conseil suprême des forces armées consent à remanier mais pas limoger. « Il faut résoudre cette crise (…). Nous avons beaucoup de missions devant nous, dont la recomposition de la commission constituante et nous ne voulons pas entraver le Parlement, mais il faut une solution et c’est pourquoi je propose de suspendre les séances de l’Assemblée pendant une semaine », déclare Saad el-Katatni, le président de l’Assemblée. Le Parti de la liberté et de la justice réussira-t-il à obtenir ce qu’il veut depuis son entrée au Parlement : former son propre gouvernement ? Comme il n’a pas réussi à s’entendre avec Al-Nour sur la désignation d’un candidat à l’élection présidentielle, prévue les 23 et 24 mai prochain, le doute est permis. Contre toute attente, le parti salafiste qui n’a pas pu présenter son propre candidat Hazem Abou Ismaïl – disqualifié par la commission électorale – annonce son soutien à Abdel Moneim Aboul Foutouh, un dissident des Frères musulmans dont on dit qu’il peut ratisser large. « Nour, la branche politique de l’Appel salafiste, a décidé à la majorité de soutenir Abdel Moneim Aboul Fotouh lors de l’élection présidentielle », affirme Yasser Borhami, son leader. Cette décision du parti salafiste qui détient 20% des sièges à l’Assemblée constituante, pourrait constituer un handicap pour Mohammed Morsi, le candidat officiel des Frères musulmans et « travailler » pour les 11 autres candidats en lice, dont le dernier Premier ministre de M. Moubarak, Ahmad Chafiq et, surtout, l’ancien chef de la Ligue arabe ( 2001 à 2011) Amr Moussa qui cultive l’image d’un homme rassurant promettant une « douce transition » et une « place au soleil » à l’armée. Certains sondages prédisent une victoire de ce dernier, au deuxième tour, si tous ceux qui craignent l’influence croissante des islamistes dans la vie politique du pays continuent à lui apporter leur soutien. Tous les analystes ou presque affirment que les islamistes, toutes tendances confondues, n’ont pas dit leur dernier mot.
« NUAGE PASSAGER » ENTRE LE CAIRE ET RYAD
Mohamed ElBaradei, l’ancien chef de l’Agence internationale de l‘énergie atomique, ne semble pas trop croire en ces sondages où la volonté des militaires de s’en aller après la présidentielle. « Le temps est venu de lancer un processus politique global pour atteindre les objectifs de la révolution, les objectifs de la révolution que nous le peuple d’Egypte et de sa majorité avions commencé à réaliser, pour vivre librement dans notre pays, indépendants et dans la dignité », dit-il en annonçant la création de sa formation, le parti de la Constitution. Le prix Nobel de la paix 2005 veut « sauver la révolution qui s’est éloignée de ses objectifs » et dénoncer la « tragique » période de transition dirigée par l’armée. « Je ne doute pas que ce parti gouvernera un jour l’Egypte », dit-il. Loin de cette course à la succession de Moubarak, l’Egypte découvre qu’elle est en froid avec l’Arabie Saoudite. Le Royaume wahhabite qui a fermé samedi son ambassade et ses consulats dans le pays pour des raisons de sécurité, a rappelé aussi son ambassadeur « pour consultations ».
C’est la première rupture publique entre les deux pays depuis le départ forcé de Moubarak. A l’origine de cette décision, non pas les manifestations d’Egyptiens devant la mission diplomatique pour exiger la libération d’Egyptiens détenus dans les prisons saoudiennes mais les slogans anti royaume, scandés place Tahrir. Aux dernières nouvelles, Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue arabe, a été appelé par les deux capitales pour dissiper ce « nuage passager ».
Djamel B.