L’armée égyptienne a présenté ce jeudi matin des «excuses» pour les morts survenues dans les violents affrontements entre manifestants hostiles au pouvoir militaire et forces de l’ordre.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), a, dans un communiqué publié sur sa page Facebook, exprimé «ses regrets et présenté ses profondes excuses pour la mort en martyrs d’enfants loyaux de l’Egypte durant les récents événements de la place Tahrir».
Les affrontements, qui ont débuté samedi au Caire et dans plusieurs autres villes, ont fait officiellement 35 morts, en grande majorité sur la place Tahrir, dans le centre de la capitale égyptienne. Les forces de l’ordre sont accusées par des militants et des médecins de viser les manifestants au yeux avec des tirs de balles en caoutchouc. L’usage massif de gaz lacrymogènes est également mis en cause dans des décès par asphyxie. Des décès par tirs de balles réelles ont également été signalés par des médecins.
Sous la pression des manifestants, le maréchal Hussein Tantaoui, chef d’Etat de fait, s’est ainsi engagé mardi dernier à organiser une présidentielle avant fin juin 2012, se disant prêt à remettre le pouvoir immédiatement si un éventuel référendum en décidait ainsi. Mais les protestataires disent ne pas croire un mot des paroles du maréchal, ministre de la Défense sous le régime de Hosni Moubarak déchu le 11 février dernier. «Il est désormais clair que celui qui écrivait les discours du président déchu Moubarak est le même que celui qui écrit les discours de Monsieur le maréchal», ironise le «mouvement des Jeunes du 6-Avril» dans un communiqué. La détermination de la rue, qui a déjà provoqué la démission du gouvernement mis en place par le pouvoir militaire, laisse en tout cas présager un bras de fer de longue durée. «Le discours de Tantaoui montre que l’armée ne cède sur rien et en même temps la violence renforce la détermination des protestataires», a estimé Heba Morayef, chercheuse pour Human Rights Watch au Caire. Si les manifestants de Tahrir ne représentent pas la majorité de la société égyptienne, ils ont une véritable influence, pour les analystes. «L’effusion de sang a un effet. Des jeunes de la classe moyenne sont tués et cela mobilise du monde dans les villes et les provinces», estiment les observateurs.
L’influent mouvement des Frères musulmans en Egypte s’est, quant à lui, démarqué des manifestants de la place Tahrir, contestant le pouvoir militaire, et tente de ménager l’armée avant les prochaines législatives, au terme desquelles ils espèrent remporter la part du lion.
Hier, mercredi, de violents affrontements opposaient pour le cinquième jour consécutif la police à des milliers de manifestants. Dans une prise de position d’une fermeté inédite, le grand imam d’Al-Azhar, plus haute institution de l’islam sunnite, qui siège au Caire, a appelé la police à ne pas tirer sur les manifestants et l’armée à éviter les affrontements «au sein d’un même peuple».
R. I. / Agences