L’Egypte marque aujourd’hui le troisième anniversaire de la révolte populaire qui chassa du pouvoir Hosni Moubarak, au lendemain d’une journée marquée par quatre attentats meurtriers au Caire.
Des appels à manifester ont été lancés à travers le pays, à la fois par le pouvoir, et par les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi, laissant redouter des violences.
Dans la capitale, policiers et soldats bloquaient les principales places, dont l’emblématique place Tahrir, épicentre de la révolte lancée le 25 janvier 2011. Hier vendredi, la police a de nouveau été visée : quatre attaques, dont une à la voiture piégée, ont visé son siège et ses hommes dans la capitale, faisant six morts. Après chacune des explosions, des habitants se sont réunis pour conspuer les Frères musulmans et louer les nouvelles autorités en brandissant des portraits du général Sissi. Les caméras de surveillance d’un bâtiment adjacent à la Direction de la police ont montré un pick-up garé devant le bâtiment avant d’exploser dans un épais nuage de fumée. Quelques minutes avant l’explosion, le conducteur descend du pick-up et rejoint une autre voiture. Plus tard, deux policiers inspectent le véhicule avant de retourner dans l’enceinte du bâtiment. Le ministère de l’Intérieur, qui avait auparavant accusé un kamikaze d’avoir perpétré l’attaque, a confirmé l’authenticité de cette vidéo à l’AFP. Sur place, l’explosion a creusé un profond cratère, dévasté la façade du siège de la police et détruit plusieurs pièces du Musée des Arts islamiques voisin. Quatre personnes ont été tuées et des dizaines blessées. Trois heures plus tard, une bombe de plus faible puissance a explosé au passage d’une voiture de police, tuant un policier. Puis une autre n’a provoqué que des dégâts matériels devant un commissariat sur la grande avenue menant aux pyramides de Guizeh au Caire, où un quatrième engin a tué en fin d’après-midi une personne et blessé quatre policiers. La présidence a promis de «venger les martyrs», prévenant que «quiconque a planifié, participé, financé ou incité (à commettre ces attentats) sera puni par le pire des châtiments». A la veille de cette journée lourde de périls, policiers et soldats se déployaient massivement dans le centre du Caire. Les pro-Morsi appellent à manifester durant 18 jours — la durée du mouvement populaire qui a mis fin, le 11 février 2011, à trois décennies de pouvoir absolu de Moubarak. Mais le ministre de l’Intérieur a prévenu qu’il riposterait avec «fermeté» à toute tentative «des Frères musulmans de saboter les cérémonies». Dès vendredi, 12 personnes ont été tuées dans des manifestations pro-Morsi à travers le pays et une centaine de manifestants arrêtés.
R. I. /AFP