Les révoltes ébranlent encore une fois plusieurs capitales arabes, à l’image de la Syrie, du Yémen et surtout l’Egypte qui a renoué ces trois derniers jours avec la violence.
Que se passe-t-il en Egypte où les violences ont repris de plus belle et la tension monte à nouveau à une semaine des élections législatives, prévues ce 28 novembre ? Ces affrontements, qui rappellent par leur violence les scènes de la révolte contre le régime Hosni Moubarak au début de l’année, ont fait surgir les craintes que les élections législatives ne soient émaillées de violences. L’armée, censée préparer une transition démocratique après la chute de Moubarak en février, est de plus en plus contestée par les Egyptiens qui aspirent à des lendemains meilleurs, alors que la date de la présidentielle qui doit suivre les législatives n’est pas encore connue. Hier, à l’heure où nous mettions sous presse, les heurts se sont poursuivis à la place Tahrir. Les affrontements opposant la police et des manifestants réclamant la chute du pouvoir militaire depuis trois jours en Egypte ont fait 35 morts et plus de 1 750 blessés, dont la quasi-totalité au Caire. Le ministère de la Santé a de son côté fait état de 22 décès et de centaines de blessés. Pour protester contre la réaction du gouvernement face aux violences entre manifestants et forces de l’ordre, le ministre égyptien de la Culture, Imad Abou Ghazi, a jeté l’éponge. Les accrochages les plus durs se déroulaient aux abords du ministère de l’Intérieur, cible privilégiée des manifestants et sous forte garde des forces anti-émeute, près de la place Tahrir. Ces affrontements interviennent à une semaine des premières élections législatives depuis la chute de l’ancien président, qui doivent débuter le 28 novembre et s’étaler sur plusieurs mois. Les manifestants réclament la fin du pouvoir militaire qui s’est installé au départ de Moubarak. Les slogans visent en particulier le maréchal Hussein Tantaoui, un cacique de l’ancien régime qui est de fait à la tête du pays en sa qualité de chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA). Les policiers tiraient des balles en caoutchouc, mais également de nombreuses grenades lacrymogènes. Des manifestations ont également eu lieu à el-Arich, dans le Sinaï, à Suez et à Ismaïlia, sur le canal de Suez, tandis que des heurts ont éclaté à l’issue des funérailles du jeune homme tué samedi à Alexandrie. De son côté, l’armée égyptienne a dit regretter les événements actuels, appelant le gouvernement a rencontrer les forces politiques pour y mettre fin, tout en réaffirmant s’en tenir au calendrier électoral établi, dans un communiqué lu dimanche soir à la télévision publique. La communauté étrangère a condamné les violences commises par l’armée contre les civils égyptiens. Ainsi, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a estimé que la loi et l’ordre devaient être assurés dans le respect des droits de l’Homme, tandis que Londres a condamné la violence et Rome et Berlin ont exprimé leur profonde préoccupation face à cette situation.
Par Yazid M.