Egypte: Sept morts dans des heurts entre police et manifestants

Egypte: Sept morts dans des heurts entre police et manifestants

L’un des décès est survenu au Caire, où la police a dispersé à coups de grenades lacrymogènes et de tirs de chevrotine un rassemblement d’islamistes et de libéraux contre le pouvoir.

Au moins sept personnes ont été tuées hier dans des heurts dans les manifestations en Egypte où des défilés islamistes ou pro-gouvernement ont célébré le troisième anniversaire de la révolte de 2011 qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, selon le ministère de la Santé. Ces violences interviennent au lendemain de quatre attentats meurtriers visant la police dans la capitale, ce type d’attaques contre les forces de l’ordre s’étant multipliées depuis que l’armée a destitué le 3 juillet l’islamiste Mohamed Morsi, seul président jamais élu démocratiquement en Egypte, et réprime dans le sang ses partisans. Dans un quartier du centre-ville, des policiers ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes pour disperser quelques centaines de manifestants islamistes, mais aussi de mouvements libéraux, qui scandaient des slogans hostiles au pouvoir, selon l’AFP. «A bas le régime», scandaient les manifestants avant de s’égailler dans les rues adjacentes sous une pluie intense de grenades lacrymogènes et quelques détonations de fusils à pompe. Le gouvernement dirigé de facto par l’armée avait appelé les Egyptiens à se rassembler massivement hier pour commémorer la «Révolution du 25-Janvier» 2011 mais aussi pour montrer leur soutien aux autorités dans ce qu’elles décrivent comme une «guerre contre le terrorisme». Les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi qui avait remporté toutes les élections depuis la chute de Moubarak, avaient appelé eux à 18 jours de manifestations «pacifiques» à partir de samedi (hier). Mais des «Jeunes de la Révolution» de 2011, qui répondaient à l’appel d’un mouvement libéral et laïque rassemblant des anciens militants de la révolte anti-Moubarak, entendaient aussi, à cette occasion, dénoncer l’armée au pouvoir qui, selon eux, renoue avec les méthodes de l’époque Moubarak. Ils ont scandé des slogans hostiles aux militaires, aux policiers, aux caciques de l’ère Moubarak et mais aussi aux Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi. Les commissariats et bâtiments gouvernementaux ont été littéralement bunkerisés pour ce jour de commémoration, et les grands axes barrés par les chars et véhicules blindés de l’armée, en particulier aux abords de la place Tahrir, le coeur de la révolte de 2011. C’est là qu’avaient afflué plus tôt hier quelques milliers de personnes dont un grand nombre brandissaient des portraits du général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l’armée et nouvel homme fort de l’Egypte. Quatre attentats à la bombe ont fait vendredi six morts dans la capitale et 15 personnes ont été tuées dans des manifestations pro-Morsi dans le reste du pays. Un groupe disant s’inspirer d’Al Qaîda, Ansar Beit al-Maqdess, a revendiqué les attentats, comme il l’avait déjà fait ces derniers mois pour d’autres attaques menées «en représailles aux massacres» des manifestants pro-Morsi par les forces de sécurité. Hier à l’aube, un petit engin incendiaire jeté dans l’enceinte d’un centre d’entraînement de la police au Caire a légèrement blessé une personne.



Depuis l’été, plus d’un millier de protestataires islamistes ont péri et plusieurs milliers de Frères musulmans ont été emprisonnés, dont la quasi-totalité de leurs leaders. Ces derniers, à l’instar de M. Morsi en personne, sont jugés dans divers procès et encourent la peine de mort. Au terme de 18 jours de manifestations émaillées de violences ayant coûté la vie à quelque 850 personnes, le plus peuplé des pays arabes mettait fin le 11 février 2011 à trente ans de pouvoir absolu de Hosni Moubarak.