Le vice-président Omar Souleimane a déclaré hier, que la situation politique en Egypte laisse supposer deux possibilités pour un retour à la stabilité, à savoir le dialogue et l’entente ou le coup d’Etat. Dans une conférence de presse, Omar Souleimane a indiqué que le dialogue et l’entente sontles premiers moyen de réaliser la stabilité dans le pays et d’en finir avec la crise actuelle avec « des pas sûrs accompagnés d’un programme d’action ». Le second est un « coup d’Etat ».
« Nous voulons, a-t-il soutenu, éviter un coup d’Etat synonyme d’un pas irréfléchi et hâté et ce, pour préserver les acquis et les réalisations de l’Egypte ». Il a affirmé d’autre part, que la grande présence de manifestants à la place Tahrir (Libération) et quelques chaines satallitaires « empêchent les citoyens de vaquer à leurs occupations ».
« Nous ne saurons tolérer davantage cette situation et il est donc impératif de résoudre cette crise dans les meilleurs délais, a-t-il tenu à préciser. A une question sur un éventuel départ du Président Moubarak, il a indiqué que le terme « départ » clamé par certains manifestants est « en totale contradiction avec la morale des Egyptiens qui respectent leur président », précisant qu’un tel départ mènera indubitablement l’Egypte au chaos.
Il soulignera toutefois, la nécessité d’exploiter les points positifs de la révolution des jeunes, estimant nécessaire la poursuite du dialogue avec les jeunes et les forces politiques en cue d’une sortie de crise. Concernant l’appel à la désobéissance civile, M. Souleimane l’a qualifié de « danger pour la société ».
Il a cité en outre les efforts du gouvernement pour satisfaire les demandes du peuple et un retour à la normale après une paralysie qui a frappé tous les services du fait de la fermeture des banques, des comerces, des écoles et des universités ainsi que le couvre-feu.
Une commission créée par le président Moubarak pour amender la Constitution
Le président égyptien Hosni Moubarak a signé hier un décret présidentiel en vertu duquel il a formé une commission pour apporter des amendements constitutionnels et législatifs, a annoncé le vice-président Omar Souleimane à la télévision d’Etat. Pour appliquer les décisions prises par les participants au dialogue national, le président Moubarak a signé ce « décret en vertu duquel il a formé une commission qui aura pour mission d’apporter les amendements constitutionnels et législatifs nécessaires », a précisé M. Souleimane.
Le président a chargé le premier ministre Ahmed Chafik de créer un comité de suivi pour veiller à l’application de ce qui a été conclu par les participants au dialogue. Initié par le vice-président, un dialogue national a été lancé dimanche entre le pouvoir et les différentes forces de l’opposition, dont notamment le mouvement des Frères musulmans, en vue d’une « transition pacifique du pouvoir basée sur la constitution ».
Les amendements, qui font l’objet de ce dialogue, sont liés au nombre de candidatures à la présidentielle ainsi qu’au mandat présidentiel, alors que l’élection est prévue en septembre prochain.
Dans la foulée du mouvement de contestation populaire entamé depuis 15 jours pour obtenir son départ, Moubarak, a annoncé qu’il ne participera pas à la prochaine présidentielle, en se maintenant au pouvoir jusqu’à la fin de son mandat qui expire en août.
Course contre la montre du gouvernement égyptien pour sauver l’économie
Le nouveau gouvernement égyptien dirigé par Ahmed Chafik s’est lancé dans une véritable course contre la montre pour sauver l’économie du pays parallèlement à l’adoption d’une série de mesures pour calmer la vague de protestations que connaît l’Egypte depuis 15 jours.
Le gouvernement a ainsi réussi à drainer 13 milliards de livres (1 USD = 5,7 livres) pour faire face à la crise des banques à travers des bons du Trésor qui permettent de répondre aux besoins de liquidités pour couvrir le déficit budgétaire, ont indiqué des sources officielles.
Le gouvernement a annoncé d’autres mesures, notamment la hausse des salaires des fonctionnaires de 15% et des retraites.
Il a également été décidé de créer un fonds doté de 5 milliards de livres (850 millions de dollars) pour indemniser les victimes d’actes de pillage et de vandalisme qui ont eu lieu en marge des récentes manifestations.
Le gouvernement a aussi prévu des mesures incitatives au profit des propriétaires d’hôtels et de complexes touristiques afin de leur permettre de garder leurs travailleurs le plus longtemps possible.
Selon des sources informées, la crise a fait perdre au secteur du tourisme en Egypte plus de 1,5 milliards de dollars en raison du départ de plus de un million de vacanciers et de la suspension des séjours touristiques en Egypte par les tour-opérateurs.
Les propriétaires d’installations industrielles en Egypte (70.000 installations) se sont engagés, lors d’une réunion avec la ministre du Commerce et de l’industrie, Samiha Fawzi, à ne pas licencier leurs employés et à augmenter leurs salaires.
Par ailleurs, les banques continuent à ouvrir progressivement leurs portes au public alors que la Bourse du Caire ne rouvrira que dimanche prochain.