Egypte / Présidentielle,Dans le vif du sujet

Egypte / Présidentielle,Dans le vif du sujet

– Un âpre débat entre deux favoris a donné lieu à un exercice inédit dans le cadre d’un scrutin qui doit désigner le successeur de Hosni Moubarak.

L’ancien chef de la Ligue arabe et ex-ministre des Affaires étrangères, Amr Moussa, et Abdel Moneim Aboul Foutouh, un islamiste modéré et ancien dirigeant des Frères musulmans se sont affrontés pendant près de quatre heures.

L’émission-marathon diffusée par deux grandes chaînes privées, ONTV et Dream, a été suivie avec passion par les téléspectateurs.

Amr Moussa et Abdel Moneim Aboul Foutouh sont en tête des sondages, à la fiabilité toutefois encore précaire faute de tradition dans ce domaine en Egypte, pour cette élection dont le premier tour aura lieu les 23 et 24 mai. Un second tour est prévu les 16 et 17 juin. Le débat a abordé les sujets classiques comme l’éducation, la santé, l’emploi.

Mais dans un pays qui sort de décennies de dictature et où l’islamisme est en hausse, c’est sur les allégeances politico-religieuses et les liens avec l’ancien régime qu’ils se sont le plus vivement affrontés. «Vous avez travaillé pour le compte d’un groupe, les Frères musulmans, pas pour l’Egypte en tant que nation», a lancé Amr Moussa à Aboul Foutouh, qui a quitté sa formation il y a un an. M. Aboul Foutouh est populaire parmi la jeunesse urbaine active sur internet qui a contribué à faire tomber Hosni Moubarak.

Mais il a aussi l’appui de formations ultra-conservatrices salafistes qui pourraient lui apporter de gros bataillons d’électeurs, mais brouillent son image de candidat modéré. M. Moussa n’a pas manqué de mettre en cause le candidat islamiste sur des écrits anciens semblant justifier la violence dans certaines circonstances.

«Où est le candidat ? Allez vous revenir à ce que vous avez écrit ?», lui a-t-il lancé. Amr Moussa a, quant à lui, été attaqué sur son talon d’Achille : à 75 ans, cet ancien ministre des Affaires étrangères de Hosni Moubarak de 1991 à 2001 apparaît difficilement comme un homme neuf.

«Quand on a fait partie du problème, on peut difficilement apporter la solution», a ironisé son rival. Tous deux se sont toutefois retrouvés pour déclarer que le traité de paix conclu en 1979 avec Israël devait être révisé, mais pas annulé. M. Aboul Foutouh a toutefois qualifié l’Etat hébreu «d’ennemi», tandis que M. Moussa a évoqué ses «querelles» avec ce pays sur le sort des Palestiniens.

Le candidat du puissant mouvement des Frères musulmans, première force politique du pays, Mohammed Morsi, a décliné l’invitation de se joindre au débat, affirmant qu’il pourrait participer à une confrontation télévisée s’il était présent pour le second tour.

Egalement absent, le dernier Premier ministre de M. Moubarak, Ahmad Chafiq, compte sur le vote des nostalgiques de l’ancien régime et des mécontents de la dégradation du climat économique et sécuritaire.

R. I. / Agences