Face à une contestation qui se maintient, le président égyptien a décidé de remplacer le chef du parti au pouvoir, le PND, par un homme ayant de bons rapports avec l’opposition.
Les Frères musulmans acceptent de négocier avec le gouvernement.
Dimanche matin, la vie semblait reprendre doucement au Caire alors que la contestation du régime en place se maintenait. Pour preuve de ce retour relatif à la normale, de nombreux commerces et les banques ont rouvert dans la capitale égyptienne.
Samedi, le bureau exécutif du parti du président égyptien Hosni Moubarak a démissionné, une étape «positive» dans l’attente de «gestes supplémentaires», selon Washington, vers une transition démocratique. «En tant que président du Parti national démocrate (PND), le président Hosni Moubarak a décidé de nommer Hossam Badrawi secrétaire général du parti», a précisé la télévision d’Etat, écartant les rumeurs sur la démission du raïs de la tête de son parti. Le fils du président, Gamal Moubarak, a été évincé du poste de président du comité politique du PND, au profit également d’Hossma Badrawi, connu pour avoir de bons rapports avec l’opposition.
Alors que Washington avait appelé vendredi Moubarak à s’effacer le plus rapidement possible, l’émissaire personnel du président Obama pour l’Egypte, Frank Wisner, a déclaré samedi qu’il devait désormais «rester en place pour mettre (les) changements en oeuvre». Ces propos n’«engagent que lui et non le gouvernement américain», a rectifié l’administration américaine.
Sur la place Tahrir, emblème de la contestation antigouvernementale dans le centre du Caire, des milliers de manifestants demandaient toujours samedi soir le départ immédiat du président Moubarak.
Ils étaient toujours présents dimanche matin. L’ambiance y était calme. La démission de la direction du parti présidentiel «c’est comme des cartes que l’on jette sur la table afin de plaire à la rue», a dit Mahmoud Momen, un homme d’affaires de 46 ans. «Les piliers du régime s’écroulent, ce qui signifie que la révolution de la jeunesse a causé un important séisme», a affirmé de son côté Farid Ismaïl, un membre des Frères musulmans. L’armée a renforcé sa présence sur la place alors que la veille, des chars avaient été empêchés de quitter les lieux par les manifestants qui redoutaient de nouvelles attaques des pro-Moubarak.
«Une preuve qu’il est toujours là»
Hosni Moubarak a réuni samedi le premier ministre Ahmad Chafic, qui avait exclu la veille une transition entre Moubarak et le vice-président Omar Souleimane, ainsi que le ministre du Pétrole, le chef de la Banque centrale et le ministre des Finances. C’est la première fois qu’il le faisait depuis le limogeage le 29 janvier du précédent cabinet sous la pression de la rue. Pour le chef du mouvement d’opposition Kefaya, Georges Ishaq, cette réunion «est une preuve qu’il (Moubarak, ndlr) s’accroche à sa position et veut montrer au peuple qu’il est toujours là».
Pour autant, à l’étranger, la presse faisait état de plusieurs scénarios pour assurer une sortie digne à Moubarak. Selon le New York Times, Omar Souleimane et les chefs de l’armée examinent des hypothèses visant à limiter l’autorité d’Hosni Moubarak. Il pourrait être suggéré au raïs d’aller dans sa résidence de Charm el-Cheikh ou de partir pour l’une de ces habituelles cures médicales annuelles en Allemagne qui serait cette fois prolongée.
Omar Souleimane formerait alors un gouvernement de transition. Il a lancé un dialogue avec l’opposition. Ce dimanche, il s’entretient avec des représentants de l’opposition dont des responsables des Frères musulmans, un tournant dans la relation de la confrérie avec l’Etat. Mohamed ElBaradei, l’une des figures de proue de l’opposition, n’a pour l’heure pas été sollicité