Mohamed Morsi prend à bras le corps les violences confessionnelle qui se sont multipliées significativement depuis la chute du régime de Hosni Moubarak, en février 2011 (une cinquantaine de morts) et l’avènement d’un exécutif élu, dominé par les Frères musulmans.
Le président égyptien, qui s’est engagé à défendre les droits des coptes, qui se plaignent d’être marginalisés à tous les échelons de la société égyptienne, notamment dans les sphères du pouvoir, dénonce ces violences. Il exige l’ouverture d’une « enquête immédiate » après les affrontements de dimanche entre musulmans et coptes près de la cathédrale Saint-Marc au Caire, qui ont fait 2 morts et 90 blessés, dont onze policiers. « Je considère toute attaque contre la cathédrale comme une agression contre moi-même », dit-il pour calmer le jeu et faire taire ceux parmi les coptes (6 à 10 % de la population égyptienne, estimée à 84 millions) qui ont, à la sortie de l’église, scandé des slogans hostiles à son régime : « Dégage ! Dégage ! » ou encore « A bas le pouvoir du guide », sans provoquer l’effet escompté. Ces affrontements, qui sont, parmi les plus violents depuis la « révolution du Nil », ne sont pas les premiers, ni les derniers. Vendredi soir à Al-Khoussous, une région déshéritée du gouvernorat de Qalioubiya, au nord de la capitale, quatre chrétiens et un musulman ont trouvé la mort. A l’origine de ces « morts » : un quinquagénaire musulman. Il s’était opposé à de jeunes coptes qui traçaient des graffitis sur un bâtiment musulman. Après une dispute avec un passant chrétien, la situation a dégénéré et laissé place à un échange de tirs d’armes automatiques entre musulmans et chrétiens. Selon Suryal Younane, prêtre à Al-Khoussous, cité par l’agence officielle MENA, les assaillants ont incendié « une partie » d’une église anglicane et le logement d’une famille copte. « Tout est mis en œuvre pour garantir la sécurité des Egyptiens, quelle que soit leur confession », assure Hicham Kandil, le Premier ministre, promettant de livrer les responsables à la justice et de saisir les armes qui circulent illégalement. Morsi, qui fait face à une sévère crise économique, à une multiplication des grèves et à une contestation de plus en plus vive de ses opposants, (le 6 avril, des manifestants hostiles à sa politique se sont affrontés avec la police, dans plusieurs villes du pays), réussira-t-il à tenir sa promesse d’être le « président de tous les Egyptiens » ? L’opposition l’accuse déjà de se comporter comme « le représentant des Frères musulmans ». En visite au Caire, Catherine Ashton, la représentante diplomatique de l’Union européenne, s’est déclarée dimanche soir, « extrêmement inquiète » après ces affrontements, elle a appelé à la « retenue ». L’Egypte post-révolution du Nil ne semble plus être ce pays où les musulmans et les chrétiens ont toujours vécu ensemble en paix. Les ONG internationales peaufinent déjà leurs plans. « Les coptes sont victimes de discrimination dans toute l’Egypte, dans le droit comme dans la pratique. Ils ont été régulièrement victimes d’attaques motivées par l’intolérance religieuse que les autorités ont systématiquement ignorées », déclare Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Djamel B.