EGYPTE, Les manifestants continuent à défier l’armée

EGYPTE, Les manifestants continuent à défier l’armée
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Après le massacre de plus de 600 personnes, mercredi, et l’appel lancé à une nouvelle manifestation pour un nouveau vendredi de la colère, les chars de l’armée egyptienne ont littéralement scellé la plupart des artères quasi-désertes du Caire.

Le quadrillage des rues n’a pas empêché certains Egyptiens à défier l’interdiction de la manifestation, ce qui a provoqué la riposte des policiers et la mort d’au moins six personnes.



Il faut dire, qu’hier, la peur se lisait sur les visages de quelques personnes se hasardant dans les rues quadrillées, en plus des militaires et des policiers anti-émeutes, par d’innombrables policiers en civils particulièrement hostiles ou nerveux à l’approche de la grande prière de la mi-journée, ont rapporté des journalistes de l’AFP.

Les Frères musulmans, la confrérie du président déchu et mis en prison par l’armée, M. Morsi, ont appelé ses partisans à défiler «pacifiquement» par «millions», à la sortie des mosquées vendredi, et à converger vers la place Ramsès au centre de la capitale.

Deux jours après la journée la plus sanglante –578 morts et plus de 3000 blessés– depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, cet appel à la mobilisation fait redouter de nouvelles violences dans le pays sous état d’urgence et où un couvre-feu nocturne a été imposé dans la moitié des provinces. Il pourrait également se révéler comme une journée test pour le plus peuplé des pays arabes, où la division ne cesse de s’accroître entre partisans des Frères musulmans et tenants de la solution sécuritaire que les nouvelles autorités semblent désormais privilégier.

D’une part, la confrérie de M. Morsi, dont l’appel à manifester jeudi n’avait pas reçu d’écho au Caire, tente une nouvelle démonstration de force face aux autorités installées par l’armée début juillet. D’autre part, le gouvernement, qui jusqu’ici saluait la «très grande retenue»de la police dans la dispersion des manifestants pro-Morsi sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda du Caire –quelque 320 morts selon un bilan officiel–, a durci le ton jeudi, autorisant les forces de l’ordre à ouvrir le feu sur les manifestants violents.

Lors du carnage sur les places où campaient depuis un mois et demi des milliers d’islamistes venus avec femmes et enfants, l’Intérieur avait assuré que «les instructions étaient de n’utiliser que les gaz lacrymogènes, pas d’armes à feu».

«Mais quand les forces de sécurité sont arrivées, elles ont été surprises par des tirs nourris», avait-il ajouté.

Alors que de nombreux pays occidentaux ont condamné ce bain de sang, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont appelé jeudi soir les différentes parties en Egypte à faire preuve d’un «maximum de retenue».

Les Etats-Unis ont de leur côté annulé des exercices militaires communs et incité leurs ressortissants à quitter l’Egypte, sans aller jusqu’à interrompre l’aide annuelle (1,5 milliard de dollars) versée en grande partie à la toute-puissante armée de leur grand allié. Les représentants des 28 Etats membres de l’UE se réuniront lundi à Bruxelles pour faire le point sur la situation en Egypte.

R. I.