Profondément divisé entre les entre libéraux et pro-Morsi, le pays des pharaons pourrait basculer dans le chaos d’ici le 15 décembre prochain, date prévue pour l’organisation du référendum sur le très « controversé » projet constitutionnel.
Des partis politiques, dont celui de la Constitution, fondé par Mohamed El Baradei, l’ex-directeur de l’AIEA, le mouvement du Courant populaire, de Hamdeen Sabbahi, l’ancien candidat à la présidentielle, et plusieurs groupes de l’opposition, dont les Jeunes du 6-Avril-Front démocratique, qui ont initié la contestation contre Hosni Moubarak, début 2011, se sont donné rendez-vous, aujourd’hui, au Caire, devant le Palais présidentiel et le Conseil constitutionnel. La raison ? Dire « Non » au décret du 22 novembre qui élargit considérablement les pouvoirs du président Mohamed Morsi et au référendum sur le projet de Constitution convoqué pour le 15 décembre.
« C’est le dernier avertissement pacifique », préviennent les organisateurs de cette marche dans un communiqué commun publié par Mena, l’agence officielle. Prochaine étape ? La désobéissance civile graduelle. Les analystes se demandent comment pourraient finir toutes ces manifestations et contre-manifestations. Comme si cette « guerre » des positions, qui fait craindre le pire, ne suffisait pas, la justice et la presse décident de s’impliquer.
Les 19 juges de la Haute cour constitutionnelle, qui devaient normalement examiner, dimanche, la légalité de la commission qui a adopté le projet de constitution, optent pour une grève « illimitée ». « Jusqu’à ce que le président islamiste renonce au décret du 22 novembre qui met ses décisions à l’abri d’un recours en justice », expliquent-ils. Du jamais vu depuis 1919, année de la dernière grève générale du pouvoir judiciaire égyptien. « Les juges veulent pouvoir continuer à rendre leurs décisions sans pression psychologique et matérielle », dénonce leur communiqué, en référence aux rassemblements des manifestants soutenant le président Morsi, devant le siège de la Cour.
Pis, ils annoncent qu’ils ne superviseront pas le référendum du 15 décembres. « Tous les juges d’Egypte se sont accordés pour ne pas superviser un référendum sur un projet de constitution et pour le boycotter », affirme Ahmed al-Zind, le président du Club des juges (9.500 membres), rappelant aux partisans du régime qu’il revient au pouvoir judiciaire d’assurer la surveillance des scrutins et d’en proclamer les résultats. Comme un malheur n’arrive jamais seul, le régime de Morsi doit faire avec une grève de la presse, aujourd’hui.
Onze journaux, dont Al-Watan et Al-Masry Al-Youm, ont publié, hier, en Une, le même dessin : un journal menotté dans une cellule, avec, en légende, « Une constitution qui supprime des droits et menotte la liberté. Non à la dictature ». Last but not least, des chaînes de télévision ne vont pas émettre, aujourd’hui. Tout en demandant à ses « partisans » de se mobiliser pour d’éventuelles manifestations, Morsi appelle l’opposition à un débat sur la transition.
Djamel B.