L’ancien président égyptien est jugé pour la répression de la révolte qui a entraîné sa chute…
Le procès de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak doit reprendre ce mercredi au Caire, après trois mois d’interruption durant lesquels le sort du chef d’Etat déchu a été éclipsé par les tensions meurtrières dans la rue et la poussée électorale des islamistes.
Hosni Moubarak, 83 ans, dont la première comparution le 3 août allongé sur une civière avait captivé l’Egypte et provoqué un fort intérêt à l’étranger, n’est plus apparu devant le tribunal depuis fin septembre. Ce délai a été justifié par un recours des parties civiles contre le président de la cour, le juge Ahmed Refaat, accusé de partialité en faveur des partisans de l’ancien président. La justice a finalement décidé le 7 décembre de maintenir le magistrat, et confirmé la reprise du procès mercredi.
Alaa et Gamal Moubarak également sur le banc des accusés
L’ancien président, en détention dans un hôpital militaire, est jugé pour la répression de la révolte qui a entraîné sa chute et fait officiellement quelque 850 morts. Hosni Moubarak doit également répondre d’acusations de malversations financières et de corruption, des charges qui visent aussi ses deux fils Alaa et Gamal.
Alaa et Gamal, incarcérés à la prison de Tora, dans le sud du Caire, ont reçu mardi la visite de leur mère, Suzanne, et de leurs épouses respectives Heidi et Khadiga, ont rapporté les médias officiels. Doivent également comparaître l’ancien ministre de l’Intérieur Habib el-Adli et plusieurs de ses collaborateurs en place lors des événements de janvier et février.
Audiences à huis-clos
Après les première audiences retransmises en direct à la télévision, les caméras ont été interdites dans le tribunal. Les dernières audiences se sont tenues à huis-clos, pour entendre en tant que témoins des hiérarques du nouveau pouvoir, notamment l’ancien ministre de la Défense de Hosni Moubarak devenu son successeur de fait, le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA).
Hussein Tantaoui a assuré peu après sa comparution que Hosni Moubarak n’avait jamais donné l’ordre de tirer sur la foule qui réclamait son départ. Les familles des victimes et leurs avocats dénoncent de leur côté un procès qui multiplie les auditions de «témoins à décharge», favorables à Hosni Moubarak, au détriment d’une recherche des responsabilités.
Le procès Moubarak, pas un thème majeur des législatives
Malgré le caractère spectaculaire du début du procès – Hosni Moubarak est le premier dirigeant renversé lors du Printemps arabe à comparaître en personne devant les juges – son écho s’est largement estompé ces derniers mois. La récente répression meurtrière de manifestations hostiles au pouvoir militaire, principalement au Caire, a relégué au second plan un procès à la procédure souvent confuse.
Les premières élections législatives de l’après-Moubarak, entamées fin novembre et prévues sur encore plusieurs semaines, ont également largement détourné l’attention du public du sort de l’ancien autocrate. Le procès de Hosni Moubarak n’a pas fait à ce stade partie des thèmes majeurs de ce scrutin, largement dominé par les formations islamistes.
«De nouveaux documents qui prouveront l’innocence de Hosni Moubarak»
Certains avocats des parties civiles estiment qu’après des mois de suspension l’audience de reprise de ce procès pourrait n’être que de pure procédure, sans débat sur les accusations contre Hosni Moubarak. Mais des avocats soutenant Hosni Moubarak espèrent de leur côté qu’elle fera avancer la cause de leur client.
Yousri Abdel Razek, président d’un comité de défense de l’ancien chef d’Etat, a affirmé mardi avoir «trouvé de nouveaux documents qui prouveront l’innocence de Hosni Moubarak». Ce comité de défense comprend notamment quatre avocats koweïtiens, attendus au Caire pour la reprise du procès.